Intervention de Matthieu Auzanneau

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 4 juillet 2019 à 9h15
Audition sous forme de table ronde ouverte à la presse sur les tendances de la recherche sur l'énergie : les énergies renouvelables

Matthieu Auzanneau, directeur du think tank The Shift Project :

Avec le sujet des batteries, de la démographie et du Brexit, Monsieur le premier vice-président, je crois que vous mettez le doigt sur trois paramètres parmi les plus fondamentaux pour tenter de résoudre l'équation difficile d'aujourd'hui.

En ce qui concerne les batteries, il est intéressant de constater que, en comptant la plupart des grands pays industriels aujourd'hui, Chine comprise, il existe environ 130 gigawatts de capacité de stockage installée. Sur ces 130 gigawatts, 128 sont issus de barrages artificiels, de STEP (stations de pompage et turbinage). Seulement 2 gigawatts correspondent au stockage sur batterie électromécanique ou sur procédé électrochimique. C'est un ordre de grandeur. Techniquement, nous savons tout faire mais la question est toujours d'atteindre une planification cohérente avec l'objectif de neutralité carbone. Je ne parle pas de l'objectif 2030 ou 2035, mais bien de l'objectif de neutralité carbone, qui est un problème d'échelle. Je vous laisse avec cet ordre de grandeur peut-être à méditer.

La démographie est un élément intéressant des scénarios prospectifs. J'ai été assez étonné de constater, dans le scénario prévisionnel de RTE 2035, que les scénarios qui comptaient le plus sur l'intégration des énergies renouvelables intermittentes étaient ceux qui se basaient sur les hypothèses de croissances économique et démographique les plus faibles. À nouveau, je vous laisse méditer sur ce point.

Quant au Brexit, pour les pays qui restent dans l'Union européenne, il me semble à nouveau que la nation qui sera capable de proposer un plan concret sur le sujet de la neutralité carbone sera la nation qui entraînera l'Union européenne, c'est-à-dire le premier marché mondial, dans un trade-off, cher au président américain. Elle sera capable de faire basculer tout le monde - ce qui est quand même l'objectif - et d'entraîner la population française sur un projet aussi disruptif.

Il y a une objection qui consiste à dire « nous ne représentons que 1 % des énergies mondiales, alors à quoi ça sert ? ». Au Shift Project, nous essayons de faire valoir, avec le soutien de chefs d'entreprise, au moins sur cette logique, qu'il s'agit d'un défi et d'une opportunité. La première nation capable de réussir se crée un avantage comparatif et montre la voie historique salubre. Par définition, elle est capable de convaincre nos partenaires européens. Par exemple, quel trade-off proposons-nous aux Polonais aujourd'hui ? Aucun. Nous proposons de marquer un chiffre sur un bout de papier au titre de la « neutralité carbone ». Évidemment, cela ne mobilise pas les foules. Il faut une réflexion sur l'intégralité d'un problème qui est d'abord technique, puis socio-économique.

Sur les batteries par exemple, je pense que nous nous trompons à nouveau, nous confondons l'outil avec le plan de montage.

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