Intervention de Jean-Luc Fugit

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 4 juillet 2019 à 9h15
Audition sous forme de table ronde ouverte à la presse sur les tendances de la recherche sur l'énergie : les énergies renouvelables

Jean-Luc Fugit, député :

Merci à toutes et à tous pour vos discours où vous avez fait preuve de beaucoup d'énergie, ce qui est une bonne chose ! Je voulais aussi vous remercier d'avoir évoqué la question de l'air, j'espère non pas pour me faire plaisir parce que je préside le Conseil national de l'air, mais tout simplement parce que c'est un sujet important. Au fond, ce qui nous intéresse en termes d'impact par rapport à notre santé, c'est ce que nous mangeons, buvons et respirons. Ceci est souvent la conséquence des choix que nous pouvons faire par ailleurs, notamment des choix technologiques en matière d'énergie entre autres.

Vous avez dit que nous progressions. Pourtant, je ne pense pas être d'accord avec vous sur le sujet du bois. J'aimerais avoir une étude complémentaire sur les PUF - les particules ultrafines - et surtout sur leur nature chimique pour être sûr de pouvoir dire que c'est mieux. De même, quand des véhicules diesels récents pourraient être inscrits en Crit'air 1, je m'interroge. Se poser la question, c'est déjà y répondre en partie.

Avant de vous poser trois questions, j'en profite pour vous dire que j'ai apprécié vos propos sur les mobilités plus propres et plus actives, en tant que rapporteur du projet de loi sur les mobilités. Sur ma proposition, le mot « plus » a été ajouté dans le texte adopté par l'Assemblée nationale : le texte initial parlait de développer des mobilités propres, ce à quoi je ne crois pas. En revanche, je crois à développer des mobilités plus propres. Cette nuance est importante et elle inscrit les choses dans une trajectoire. C'est ce qui m'intéresse dans ce que vous avez évoqué. D'ailleurs, à ce propos, j'aimerais que vous clarifiiez quelques points, si vous avez des éléments, pour être sûr d'avoir bien compris.

Premièrement, sur les analyses du cycle de vie pour les biocarburants, il me semble qu'il y a des choses à faire. Je sais que la directive européenne dit que d'ici 2023, il faudra proposer des méthodes pour réaliser l'analyse du cycle de vie des biocarburants. Je l'ai dit dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale, à plusieurs reprises, en tant que rapporteur. J'espère vraiment que nos chercheurs français pèseront au niveau de l'Europe pour faire des propositions et que la loi ne se fera pas sans consulter ce que les laboratoires français font de remarquable. Je parle de tout le monde, parce qu'il y a beaucoup de recherche de qualité dans ce pays, mais comme nous sommes un pays qui pratique l'autoflagellation, nous avons tendance à l'oublier. Même la classe politique peut oublier que nous avons d'excellents chercheurs. Nous en avons même un à la tête de l'Office, ici présent. C'est important de le rappeler.

J'aurais voulu avoir votre analyse sur l'idée d'« embarquer la société ». Aujourd'hui, nous parlons d'embarquer notre société dans ces évolutions et cette transition. J'ai parlé de transition 2040 ou de génération 2040 lors du débat sur le projet de loi sur les mobilités, avec la fin des véhicules utilisant des énergies fossiles - et non pas la fin des véhicules thermiques, ce qui n'a pas de sens.

J'ai été interpellé, pendant toute la séquence du Grand débat public, par mes concitoyens. C'est pour eux que nous sommes là ce matin, pas pour nous. Dans le grand débat que j'ai organisé dans mon territoire, la question de l'impact des batteries est revenue systématiquement dans la partie concernant la transition écologique. J'aurais donc voulu avoir une clarification sur votre vision de l'avenir de ces batteries. Vous l'avez un peu évoqué, vous avez parlé du lithium, du cobalt, etc., mais j'aimerais bien que vous alliez un peu plus loin. Il me semble important d'accompagner l'acceptabilité du volet électrification des mobilités. Toutefois, je pense qu'il ne faut pas se fonder uniquement sur la mobilité électrifiée. Il y a aussi la question du biogaz, ce qui me permet d'enchaîner sur ce que je disais tout à l'heure sur les analyses de cycle de vie. C'est important pour le biogaz et aussi pour les recherches sur les énergies renouvelables et l'agriculture.

À l'Office, nous sommes en train d'engager une étude sur l'agriculture et la production d'énergie, dont j'ai la chance d'être co-rapporteur du côté de l'Assemblée nationale. Pour le Sénat, c'est notre collègue Roland Courteau. Nous avons commencé quelques auditions et j'imagine que nous reverrons peut-être certains d'entre vous sur ces sujets dans les semaines et les mois qui viennent. Toutefois, est-ce que vous pourriez d'ores et déjà évoquer les freins et les perspectives que vous entrevoyez pour l'agriculture et la production d'énergie ? Je ne sais pas si certains travaux peuvent y répondre, mais cela me semble important, d'une part, pour nos agriculteurs, d'autre part, pour réfléchir à des questions locales.

Au final, l'objectif, au-delà de préserver notre santé et nos ressources, est bien de faire en sorte d'aller vers une réduction de l'impact énergétique et environnemental de nos activités. La fameuse neutralité carbone à atteindre est liée à la sobriété, ce qui a été très bien rappelé, mais aussi par la nécessité de faire en sorte de se passer au maximum des énergies fossiles. Cette dépendance aux énergies fossiles dure depuis de longues années, au point que certains pensent que nous ne pouvons pas faire autrement.

- Présidence de Mme Angèle Préville, sénatrice - 

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