Intervention de Brune Poirson

Réunion du 24 septembre 2019 à 15h00
Lutte contre le gaspillage et économie circulaire — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Brune Poirson :

Qui peut lui donner tort ? Après la révolution hygiéniste du XIXe siècle, qui aura vu l’explosion des déchets des villes, après un XXe siècle qui aura été celui de la prolifération des produits à usage unique, nous devons construire un XXIe siècle qui sera celui de la consommation sobre, de la fabrication de produits de qualité faits pour durer des années, en étant réparables, réutilisables et, en fin de vie, recyclables, pour que rien ne se perde plus.

Il faut que nos gestes quotidiens sortent de leur mécanique absurde et deviennent des vecteurs de lien avec la nature qui nous entoure plutôt que de saccage de celle-ci. Finalement, il s’agit de remettre du sens dans nos vies quotidiennes.

En France, on produit 5 tonnes de déchets par an et par personne, 600 kilos de déchets ménagers, 700 kilos de déchets des entreprises, autant pour le seul secteur du bâtiment, et 2, 7 tonnes, plus que la moitié, pour le secteur des travaux publics. Aujourd’hui encore, selon les évaluations les plus conservatrices, 200 millions de bouteilles en plastique sont jetées dans la nature chaque année en France, et seuls 26 % de nos déchets plastiques sont recyclés.

Près de trente ans après la dernière grande loi sur les déchets de 1992, on continue encore massivement à envoyer les déchets dans des décharges saturées ou, pire, à les déverser parfois dans la nature, sous forme de dépôts sauvages, voire à les envoyer à l’étranger, dans des pays émergents, comme si ceux-ci pouvaient tolérer longtemps de servir d’exutoires à nos propres excès.

Ce projet de loi répond donc à la fois à des enjeux environnementaux, à des enjeux de développement économique et d’emploi et à des enjeux de souveraineté pour la France. C’est cette réconciliation entre le social et l’écologique, entre le développement économique et la protection de l’environnement, que nous demandent les Français.

Laissez-moi vous parler des enjeux et des impacts derrière ce projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire.

Je commencerai en évoquant les impacts environnementaux, à la fois en termes de ressources naturelles et de climat. En favorisant le réemploi, la réutilisation, la réparabilité, la longévité des produits, nous voulons réduire la consommation de ressources naturelles et la production de plastique.

Nous entrons dans l’ère du post-plastique. C’est la raison pour laquelle les filières REP, pour « responsabilité élargie des producteurs », devront désormais prévoir, dans leur cahier des charges, des objectifs chiffrés de réemploi des matières concernées.

De même, les éco-modulations doivent permettre de lutter contre le suremballage, comme l’ont souligné de nombreuses ONG environnementales – je pense à Tara Océan, à Zero Waste et à beaucoup d’autres.

Enfin, dans le système de consigne proposé, aucune consigne pour recyclage ne pourra être mise en place sans que les collectivités l’aient décidé. C’est un message que je souhaite affirmer pour avoir entendu les travaux en commission.

J’en viens à la question du recyclage et de ses impacts. Même si nous nous accordons tous sur le fait que le recyclage est très loin d’être une fin en soi, comme je j’ai entendu lors des travaux de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, il est l’une des solutions pendant la phase de transition et répond à certains défis environnementaux majeurs.

En recyclant le plastique, on évite l’importation de pétrole et on réduit les émissions de CO2. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas réduire drastiquement à la source la production de plastique ; j’y reviendrai. Lorsque nous avons du plastique, il faut faire tout notre possible pour le recycler. En effet, on évite ainsi l’importation de pétrole et on réduit les émissions de CO2.

D’ailleurs, l’objectif que vous avez réaffirmé de 100 % de plastique recyclé permet d’éviter autant d’émissions de CO2 que la fermeture des quatre dernières centrales à charbon françaises. Ce projet de loi est donc au cœur de notre stratégie pour aller vers une société neutre en carbone d’ici à 2050, conformément à l’accord de Paris et aux objectifs qui nous engagent.

Laissez-moi maintenant vous parler des impacts de ce projet de loi en termes d’emplois et de développement économique.

On estime qu’il existe un gisement de 300 000 emplois supplémentaires, lesquels emplois ne se situeraient pas seulement dans quelques métropoles, mais seraient aussi locaux, territoriaux, non délocalisables. Ce sont aussi des emplois qui couvrent toute la palette de qualifications dans les domaines de l’éco-conception, de la réparation, du réemploi, du recyclage, des plastiques en particulier, et dans les nouveaux services liés à l’économie de la fonctionnalité. Recycler ou réparer une tonne de déchets permet de créer dix fois plus d’emplois que de l’enfouir.

Ce sont également de nouvelles opportunités pour l’économie sociale et solidaire, qui représente aujourd’hui 10 % de nos emplois et qui doit prendre plus de place encore. Si ce nouveau modèle nécessite une transformation industrielle profonde, avec de forts besoins d’investissement – 4, 5 milliards d’euros pour moderniser et augmenter nos capacités de recyclage sur les cinq prochaines années –, il renforcera les atouts du « made in France », du fabriqué en France, notre indépendance économique, notre indépendance industrielle et, par là même, notre indépendance politique.

Enfin, il y a aussi les impacts en termes de souveraineté pour la France. Il faut être cohérent, on ne peut pas, d’un côté, mettre une taxe sur le carbone pour devenir moins dépendant de pays tels que l’Arabie Saoudite et, de l’autre, laisser les ressources nécessaires pour réaliser la transition écologique, par exemple les métaux rares, dans les mains d’autres pays, notamment asiatiques.

C’est donc, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, avec autant d’ambition que d’humilité que je suis devant vous aujourd’hui.

Ambition, parce qu’il en faut pour relever ce défi, et je sais que vous serez au rendez-vous, vous nous l’avez déjà montré. J’aime à penser que vous et moi, nous sommes comme le Morel de Romain Gary, qui, lui, ne s’est pas désespéré.

Humilité aussi, parce que ce combat a commencé il y a longtemps. Je le sais, mes prédécesseurs, de tous les bords politiques, ont déployé des efforts considérables depuis près de trente ans. Je le sais aussi, députés et sénateurs sont engagés depuis de nombreuses années sur ces sujets. Sur le terrain, au quotidien, maires et élus locaux se battent tous les jours, parfois au péril de leur vie, pour gérer les déchets de leur territoire.

J’ai évidemment une pensée à cet instant pour Jean-Mathieu Michel, maire de Signes, dont la mort nous place collectivement face à nos responsabilités. Cela nous rappelle combien les élus locaux, ceux des territoires que vous représentez, qui font la politique de gestion des déchets en France, sont finalement en première ligne sur la transition écologique et solidaire. Ce texte est pour eux.

Je m’inscris dans la continuité de cet héritage et je veux rendre hommage à tous ceux qui ont participé à cette grande aventure, celle de la responsabilité élargie des producteurs inscrite dans le droit français dès 1975, celle du « bac jaune », celle de l’éducation aux gestes de tri, celle des centres de collecte et de recyclage et des initiatives innovantes qui servent chaque jour l’intérêt général et le bien-vivre sur notre territoire. Oui, nos élus locaux s’attachent à mettre en œuvre cette politique depuis des années et des années. J’en ai conscience, ces trente années de politique publique, dans la continuité desquelles je m’inscris, ont permis à la France d’être aujourd’hui reconnue pour le travail remarquable qui a été effectué sur ce sujet.

Je voudrais, à ce titre, remercier non seulement les élus engagés, avec qui j’ai eu l’occasion de beaucoup échanger, mais aussi les organisations représentant les élus des territoires. Je me souviens de nombreuses discussions, parfois sous la forme de dîners prolongés, pour discuter et élaborer collectivement ce projet de loi anti-gaspillage.

Nous devons aller encore plus loin parce que la donne a changé.

Notre système public de gestion des déchets est certes de grande qualité, mais il n’a jamais été pensé pour atteindre des performances de collectes proches de la perfection. Or, lorsqu’il s’est construit, nous partions presque d’une page blanche. Avoir des objectifs de performance tels que nous les atteignons aujourd’hui était déjà colossal à réaliser. Eh bien, nous l’avons réalisé, avec les élus locaux et les territoires. Nous l’avons fait en France.

Aujourd’hui, les Français nous remercient mais ils nous demandent d’aller encore plus loin, de franchir une marche encore plus haute, de faire un grand pas en avant, et vite. Ils veulent de nous l’excellence et ils ont une tolérance zéro pour le gaspillage. Faire ce pas en avant, c’est-à-dire passer de 26 % d’emballages plastiques collectés et recyclés à 90 %, conformément aux exigences de l’Union européenne, cela impose de nouvelles pratiques. Tel est en grande partie l’objet de ce projet de loi.

Ce projet de loi, comment l’avons-nous bâti ?

Il est, avant tout, le fruit d’une longue concertation, qui a duré un an et demi. Je reconnais, dans cet hémicycle, des visages pour les avoir rencontrés au cours de cet important travail ; je voudrais les en remercier. Cette concertation a rassemblé l’ensemble des acteurs, au travers de nombreux groupes de travail thématiques qui ont conduit à la tenue de plus d’une centaine de réunions. Elle a mis autour de la table des élus, des chefs d’entreprise et des représentants d’associations. Deux consultations en ligne du public ont également eu lieu, sans oublier le grand débat qui a beaucoup contribué au contenu de ce texte. N’oublions pas non plus l’expérience tirée de la mise en œuvre des cinquante mesures de la feuille de route pour l’économie circulaire, qui a démarré dès avril 2018.

Je veux donc remercier les parlementaires et vous en particulier, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, de votre travail tout au long de cette concertation. Ce projet, nous l’avons coconstruit. Tous les acteurs, porteurs parfois d’intérêts contradictoires, y ont été associés.

Alors que le débat s’engage dans cet hémicycle, je veux vous dire combien il me semble évident et logique que ce soit votre assemblée, le Sénat, qui soit la première à être saisie de ce projet de loi.

Les déchets sont en effet la ressource territoriale par excellence. C’est évidemment l’un des très grands champs d’action publique des élus locaux que vous représentez. Il m’est donc apparu évident et indispensable que les débats commencent ici.

Ce projet de loi a été pensé dans l’intérêt des collectivités locales et des territoires.

C’est le cas, tout d’abord, parce qu’il organise un transfert massif de charges qui pèsent aujourd’hui sur les collectivités, donc sur leurs administrés et contribuables, vers les filières économiques qui émettent ces déchets. Au total, l’extension du périmètre des filières où s’applique le principe pollueur-payeur, des filières à responsabilité élargie des producteurs, ainsi que les mesures visant à lutter contre les dépôts sauvages représentent un gain de 500 millions d’euros par an pour les collectivités. Je parle bien d’un transfert de 500 millions d’euros par an.

Entrons dans le détail. Aujourd’hui, la gestion des dépôts sauvages sur les territoires représente pour les collectivités une charge comprise entre 340 et 420 millions d’euros. À cette charge financière s’ajoute une charge psychologique que j’ai déjà évoquée : faut-il encore rappeler la mort du maire de Signes ?

Voilà les montants colossaux qui sont en jeu. Les déchets du bâtiment, à eux seuls, hors dépôts sauvages, coûtent 100 millions d’euros par an aux collectivités. Dans des proportions moindres, mais tout de même significatives, la prise en charge des lingettes imbibées coûte aujourd’hui 161 millions d’euros aux collectivités. Pour les jouets, elles dépensent 10 millions d’euros ; pour les produits chimiques non encore couverts par la REP existante sur les déchets diffus spécifiques, 30 millions d’euros ; pour les mégots, 6 millions d’euros ; pour les articles de sport, 14 millions d’euros ; pour les articles de bricolage, 5 millions d’euros. À cela s’ajouteront peut-être encore d’autres filières REP qui ne manqueront pas d’être évoquées dans le cadre des débats parlementaires.

Au total, hors dépôts sauvages, ce sont donc environ 300 millions d’euros qui sont rendus aux collectivités par la création de ces nouvelles filières. Cette somme montera à 500 millions d’euros annuels si nous prenons à bras-le-corps le défi des dépôts sauvages. L’objectif de ces nouvelles filières REP est bien de transférer la charge des collectivités vers les industriels et ainsi d’alléger la poubelle de nos contribuables, de nos concitoyens.

Ensuite, au-delà de son impact financier, le dispositif mis en place dans le cadre de la REP Bâtiment est profondément en faveur des collectivités. À la suite de la mort du maire de Signes, j’avais annoncé que je réunirais les acteurs de la filière du bâtiment et de la construction, ainsi que des associations d’élus. Chose promise, chose due : une réunion s’est tenue le 5 septembre dernier. Je remercie d’ailleurs certains d’entre vous de leur présence. Cette réunion a été l’occasion de créer un consensus autour de la reprise gratuite des déchets du bâtiment, dès lors que ceux-ci ont été triés au préalable, et ce à compter du 1er janvier 2022. L’étude de préfiguration de ce système démarre ces jours-ci, sous l’égide de l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

Cette réunion a également été l’occasion d’annoncer la création d’un système de traçabilité qui permettra de mieux identifier où sont produits les déchets, leur parcours et leur destination, et la mise en place, dès septembre, d’un observatoire national de la gestion des déchets qui sera chargé de consolider l’ensemble des données chiffrées sur chaque territoire. Un travail en commun sera mené afin de planifier la localisation de nouveaux points de collecte des déchets pour les professionnels, de manière à densifier le maillage territorial existant. Dans les zones rurales en particulier, il n’y a pas assez de déchetteries : c’est encore un poids qui pèse sur nos élus.

Enfin, on y a annoncé une mesure d’exonération de la taxe générale sur les activités polluantes, ou TGAP, pour les collectivités qui résorbent leurs décharges sauvages.

Ce consensus, atteint dans le cadre d’une concertation responsable, va nous permettre, si vous adoptez cette disposition, de changer durablement la donne pour résoudre une difficulté délaissée depuis des années sur les territoires.

Les filières REP représentent aussi, de manière plus structurelle, un instrument permettant d’assurer, sur tous les territoires, une croissance économique et une réindustrialisation : on va vers du « made in France », vers des emplois durables et non délocalisables.

Dès lors que le déchet devient une ressource, dès lors qu’il n’est plus ni brûlé ni enfoui, il constitue une matière première et devient une ressource à exploiter.

C’est le cas du plastique, bien sûr : il faut en priorité le réduire à la source – je l’ai dit et nous y travaillerons –, mais on estime que le recyclage d’un million de tonnes de plastique permettrait la création de 3 000 emplois industriels. Nous mettons sur le marché 5 millions de tonnes de plastique par an. Le gisement d’emplois dans le recyclage est donc énorme, dès lors qu’on se retrousse les manches. Quelle activité économique peut se prévaloir aujourd’hui d’un tel potentiel d’emplois locaux non délocalisables ?

C’est le cas aussi pour la lutte contre l’obsolescence programmée, qui permet de créer de véritables filières de réparation et d’économie de la fonctionnalité sur les territoires. Nous devons encourager la réparabilité des produits.

Je veux également vous dire que, tout en élargissant le périmètre des filières REP, nous vous avons entendus quant à leur fonctionnement. Vous aviez raison ! C’est la raison pour laquelle ce projet de loi repense leur gouvernance de manière à améliorer leur efficacité, au service des collectivités locales.

Enfin, ce projet de loi donne aux maires, qui sont confrontés dans leur quotidien à la gestion des déchets, de nouveaux outils pour lutter contre les dépôts sauvages, notamment par le biais du renforcement de leurs pouvoirs de police. Là aussi, nous vous avons écoutés.

Je souhaiterais à présent revenir sur le détail du texte qui a été examiné la semaine dernière au Sénat par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, saisie au fond, ainsi que par la commission des affaires économiques, saisie pour avis, avant de m’attarder sur le remarquable travail conduit par ces deux commissions.

Le projet de loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire comptait initialement treize articles et développait quatre grands axes.

Le premier visait à donner au citoyen l’information qui lui est nécessaire pour agir en conscience. Ainsi, il aurait plus de pouvoir pour consommer des produits plus durables et de meilleure qualité. L’association HOP, Halte à l’obsolescence programmée, a révélé hier, dans un rapport, que la durée de vie des machines à laver avait diminué de trois ans en moyenne au cours des huit dernières années. Ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas l’économie du XXIe siècle que nous voulons créer.

Voilà tout l’objet des articles du premier titre de ce texte, relatif à l’information du consommateur. Ils portent sur l’indice de réparabilité et sur la disponibilité des pièces détachées pendant une durée raisonnable. Notre but est de favoriser le réflexe de réparation chez le consommateur, de mieux structurer les réseaux de réparateurs et, au bout du compte, d’allonger la durée de vie des produits. C’est bon pour la planète, c’est bon pour le pouvoir d’achat et c’est bon pour l’emploi !

Deuxième axe : donner aux citoyens les moyens d’agir pour la planète en adoptant le bon geste de tri. Il s’agit d’harmoniser au plus vite la couleur des poubelles, comme nous le demandent massivement les Français, et de leur donner une information claire sur le geste de tri. Je pense notamment à l’article 3, relatif à l’« info-tri ». Combien, parmi vous, n’ont jamais eu une discussion avec des Français qui déplorent combien il est compliqué de trier les déchets dans notre pays ? Simplifions-leur la vie !

Troisième axe : donner aux collectivités les moyens d’entrer dans une nouvelle ère de la gestion des déchets. Ces moyens – c’est le nerf de la guerre ! – doivent avant tout être financiers. Ce projet de loi, dans ses articles 7 à 10, transfère, comme je l’ai expliqué, près de 500 millions d’euros aux collectivités. Le Gouvernement a souhaité ce transfert parce qu’il est persuadé qu’il revient aux producteurs, aux industriels, au secteur privé de gérer la fin de vie de ces produits.

Nous ne pensons pas seulement à l’aval ; nous travaillons aussi sur l’amont, c’est-à-dire sur l’éco-conception et la réparabilité des produits. Nous y reviendrons. Je vous renvoie à la création de filières à responsabilité élargie des producteurs pour les jouets, par exemple, ou pour le tabac.

Pensez aux mégots : chaque année, 2 milliards de mégots se retrouvent dans les rues, et personne ne se rend compte qu’il s’agit, avec les bouteilles en plastique, du premier déchet qu’on trouve dans la nature. Or ces mégots sont imbibés de 4 000 substances toxiques : un seul d’entre eux pollue 500 litres d’eau. Ces substances sont déversées chaque jour dans la nature et c’est le contribuable qui paye l’ardoise, qu’il soit fumeur ou non.

C’est pourquoi il faut donner des moyens aux maires, aux collectivités, et faire en sorte que les industriels du tabac prennent leurs responsabilités et luttent activement contre la pollution causée par les mégots de leurs cigarettes.

Il en est de même pour les articles de sport. Un million de vélos sont jetés chaque année en France, alors qu’ils pourraient être réparés ou réutilisés. Je pourrais encore citer les articles de jardinage, les lingettes et les déchets du bâtiment : là aussi, les mesures prises permettront d’alléger considérablement le poids des poubelles et de faciliter la vie des collectivités.

Quatrième axe de ce projet de loi : penser un nouveau modèle de fabrication et de consommation pour le siècle à venir.

Il s’agit d’entrer dans un siècle où l’on ne pourra plus produire pour détruire. C’est bien ce qui arrive aujourd’hui : on produit encore pour détruire. Cela paraît totalement absurde, mais c’est la réalité d’une partie de notre système économique. C’est bien à cela que s’attaque le titre III de ce texte, relatif à la lutte contre le gaspillage.

L’article 5 prévoit l’interdiction de l’élimination des invendus non alimentaires : c’est une première mondiale ! La France a été pionnière sur le gaspillage alimentaire. Elle est à l’offensive également sur toutes les autres formes de gaspillage. Chaque année, c’est l’équivalent de près d’un milliard d’euros de produits non alimentaires invendus qui est détruit. Rendez-vous en compte, les produits d’hygiène et de beauté détruits représentent une valeur de 180 millions d’euros, alors que des associations d’aide aux démunis manquent dans le même temps de kits d’hygiène pour ceux qui en ont le plus besoin.

Est-ce la société dans laquelle nous voulons vivre ? Non ! Nous donnons-nous les moyens de lutter contre ce phénomène et d’être pionniers dans le monde ? Oui, et nous le faisons ensemble !

À ces quatre grands axes, on peut en ajouter un cinquième, constitué de dispositions, plus techniques, visant à transformer la gouvernance des filières pollueur-payeur de manière à introduire plus de transparence et de contrôle dans la gestion des déchets. C’est aussi la transposition des directives européennes.

Ce projet de loi n’est plus seulement le texte du Gouvernement : c’est aussi le vôtre, le texte du Sénat. À ce titre, je tiens à souligner, mesdames, messieurs les sénateurs, que nous marchons, que nous allons dans la même direction.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion