Intervention de Édouard Philippe

Réunion du 24 septembre 2019 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Immigration

Édouard Philippe :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le président Kanner, la semaine dernière, avec quelques membres du Gouvernement et les parlementaires de la majorité, j’avais le plaisir d’écouter le Président de la République énoncer des éléments de politique publique auxquels il croit et faire état de ses convictions. Vous n’étiez pas présent, et c’est bien naturel, puisque vous ne soutenez pas l’action du Président de la République et que vous ne votez pas la confiance au Gouvernement. Il n’y a là strictement rien à redire !

Mais, monsieur le président Kanner, les propos prononcés par le Président de la République ne se réduisent pas à la présentation que vous en faites, peut-être parce que ce que l’on vous en a dit était incomplet. Il se trouve que j’étais présent, monsieur le président Kanner, et que j’ai entendu in extenso le discours du Président de la République : un discours d’une grande précision, d’une grande fermeté et d’une grande ouverture.

Monsieur le président Kanner, j’ai indiqué, à l’occasion de ma déclaration de politique générale, que le Parlement, Assemblée nationale et Sénat, aurait l’occasion de discuter, fin septembre, début octobre, de la politique migratoire au sens le plus large pour notre pays, depuis les politiques d’aide publique au développement ou de coopération vers les pays d’origine jusqu’aux conditions d’intégrations des étrangers qui, venus en France, ont vocation à rester sur notre territoire, sans texte ni mesure. Très souvent, en effet, lorsque nous évoquons ce sujet, nous le faisons à partir d’un texte ou d’un ensemble de mesures, ce qui est parfaitement légitime, mais toujours un peu réducteur.

L’objectif du Gouvernement, celui qui a été évoqué par le Président de la République, c’est que la représentation nationale puisse débattre, dans toutes ses dimensions, des questions que posent les migrations internationales, européennes, nationales, de l’amont à l’aval. C’est le premier point.

Deuxième point : parler de l’immigration n’est pas un gros mot et n’est pas un petit sujet. Nos concitoyens en parlent, vivent cette question, ont des avis à formuler. Ils sont parfois divers, souvent contradictoires ; ils sont parfois empreints d’angoisse ou de colère, d’espoir et d’ouverture. Cependant, monsieur le président, imaginer que ce débat n’est pas au centre des préoccupations me semble méconnaître assez largement la réalité de l’opinion publique.

Nous avons parfaitement le droit de ne pas être d’accord, vous et moi, mais j’ai le sentiment qu’évoquer de la façon la plus large possible ce sujet au sein de la représentation nationale n’est pas un contresens.

Troisième point, sans anticiper le débat que nous aurons longuement la semaine prochaine, puisque vous m’interrogez, je rappelle que le Président de la République a toujours affirmé pendant sa campagne et systématiquement depuis, y compris ce jour-là, son attachement au droit d’asile : ce n’est pas un droit sacré, car parler ainsi au Sénat aurait quelque chose de provocateur, c’est un droit consubstantiel à ce que nous sommes, non pas seulement à la République, mais à la France. Il sera préservé : le Président de la République l’a dit, je le dis et je crois que personne ici n’est contre cette idée.

Cependant, regardons la réalité en face, monsieur le président Kanner : les demandes d’asile diminuent nettement en Europe, alors qu’elles augmentent très nettement en France, et seulement en France. Un très grand nombre de ces demandes émane de pays que nous pourrions qualifier de sûrs. Cela ne signifie pas qu’il faudrait toutes les refuser, mais il est évidemment problématique qu’une demande massive provienne de pays considérés comme sûrs.

Nous devons regarder ces problèmes en face, monsieur le président, et ne pas nous abriter derrière des postures. Discutons-en avec un esprit ouvert et précis. C’est en ce sens que le Gouvernement aborde la discussion, pour voir dans tous les domaines ce que nous pouvons faire, conformément aux principes qui nous guident, pour obtenir des résultats à la hauteur des enjeux.

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