Intervention de Frank Bellivier

Commission des affaires sociales — Réunion du 25 septembre 2019 à 9h35
Audition de M. Frank Bellivier délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie

Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie :

On dispose aujourd'hui d'un maillage territorial grâce aux secteurs, qui garantissent une offre minimale en fonction des populations. Il faut faire évoluer l'offre de soins en tenant compte de ce premier niveau, qui doit être complété de façon transsectorielle et faire appel à d'autres disciplines. Je pense ici aux domaines de la prévention et du médico-social. Le maillage historique doit selon moi être conservé et l'on doit avancer sur cette base.

Merci d'avance pour le soutien que vous souhaitez apporter aux arbitrages qui seront faits dans le cadre du PLFSS.

Le budget global de la psychiatrie est-il en baisse ? En fait, il a insuffisamment progressé et l'inadéquation entre la demande et l'offre va grandissant. Les financements listés par M. Kurth concernent spécifiquement la psychiatrie des adultes et celle de l'enfant et de l'adolescent.

Le troisième pilier de la feuille de route cible plus spécifiquement des populations vulnérables. Parmi elles, nous incluons, avec des stratégies différenciées, la question de la précarité, celle des migrants, des personnes placées sous main de justice et de l'ASE.

Il est important de renforcer les structures de l'ASE par un suivi médical des populations. Le volet pédopsychiatrique et psychiatrique n'est pas oublié. Il est au centre de l'interpellation du secteur sanitaire et médico-social. Ce qu'il faut trouver, c'est l'articulation entre ce besoin et les ressources dont dispose le territoire. C'est vraiment une équation très locale.

Les possibilités de construire une articulation répondant à ces besoins sont un peu fonction de la structuration de l'offre sanitaire et médico-sociale à l'échelle d'un territoire.

Les projets territoriaux de santé mentale ayant le plus souvent un dimensionnement départemental, c'est dans l'élaboration de ces projets que ces spécificités doivent être traitées.

En tout état de cause, la feuille de route des porteurs de projets territoriaux de santé mentale préconise de prendre ces publics vulnérables en compte, en particulier ceux de l'ASE.

En ce qui concerne l'attractivité de la profession, je pense, en tant que psychiatre, que les chantiers qui sont devant nous sont extrêmement mobilisateurs. Je n'ai pas l'impression que la jeune génération de médecins voie la psychiatrie avec défiance. On n'a pas tellement de problèmes pour constituer les contingents de jeunes internes. Il y a aussi de belles histoires qui, aujourd'hui, en France, fondent cette attractivité. Ainsi, l'activité de recherche occupe une bonne place en termes de production.

On n'a pas de souci à ce sujet en matière de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent. L'actualité du moment va certainement contribuer à en augmenter encore l'attractivité.

Concernant votre question au sujet des CAMSP, s'agit-il d'un centre financé par une association médico-sociale ou relève-t-il plutôt du secteur sanitaire ? Comment le projet de prise en charge porté par ce CAMSP s'intègre-t-il dans les démarches plus globales en matière de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent ? Je pense en particulier aux démarches très construites de la délégation interministérielle à l'autisme. Émarge-t-il plutôt dans cette thématique ?

Une priorité est mise sur l'offre de soins générale en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent. Cette équipe doit donc pouvoir trouver un guichet, au sein de l'ARS ou ailleurs, permettant d'inscrire cette offre et de la soutenir.

Les territoires ruraux n'ont pas le monopole des questions de mobilité en matière d'accès aux soins. Tout près de nous, en Seine-Saint-Denis, certaines populations numériquement importantes sont également éloignées des lieux de soins, y compris ambulatoires.

Là encore, la feuille de route contient un principe directeur. On incite fortement à développer « l'aller vers » et les unités mobiles destinées à la prise en charge des situations aiguës - les unités mobiles de crise -, mais aussi des dispositifs mobiles d'accompagnement au long cours des populations handicapées psychiquement.

Enfin, il existe des projets intéressants en matière de télémédecine psychiatrique qui, il y a encore quelques années, semblait pourtant n'avoir aucun avenir. Les expériences pilotes sont tout à fait convaincantes. Cela ne permet pas de tout régler, mais les communautés de proximité que sont les maisons médicales ou les médecins généralistes doivent être intégrées et pouvoir bénéficier de ce type d'outil pour permettre un avis spécialisé lorsqu'il est requis.

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