Intervention de Laurence Cohen

Commission des affaires sociales — Réunion du 25 septembre 2019 à 9h35
Audition de M. Frank Bellivier délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

Monsieur le professeur, toutes les interventions soulignent que la psychiatrie et la pédopsychiatrie sont particulièrement sinistrées. C'est d'autant plus dommageable que la psychiatrie, en France, a été pendant très longtemps à l'avant-garde de pratiques innovantes qui ont sorti le patient de l'asile.

L'opinion publique a fait preuve jusqu'à présent d'une certaine indifférence vis-à-vis de la psychiatrie. Les choses se modifient un peu, suite à la mobilisation extrêmement forte des personnels des hôpitaux psychiatriques. Il est en effet assez rare que des personnels de santé aillent jusqu'à faire une grève de la faim. Je pense à l'hôpital du Rouvray, où la grève était due à un manque de personnel. Ils sont aujourd'hui à nouveau en grève, les 30 postes qui leur ont été promis n'étant pas au rendez-vous.

Un manque de moyens financiers et de moyens humains amènent des pratiques de contention ou des recours importants aux médicaments. Pouvez-vous nous apporter des précisions à ce sujet ?

Par ailleurs, nous avons effectué, avec Annie David et Dominique Watrin, de nombreuses visites d'hôpitaux psychiatriques dans l'Isère, où l'état des lieux est très problématique. Il faut donc interroger la conception qu'on peut avoir du soin psychiatrique. Ne croyez-vous pas qu'on assiste aujourd'hui à une uniformisation des réponses psychiatriques, alors que la protocolisation des pratiques n'est selon moi pas nécessaire en psychiatrie et en pédopsychiatrie ?

Je pense que la psychiatrie doit s'appuyer sur les sciences cognitives, mais aussi sur les sciences humaines, la psychanalyse, la psychologie. Or en France, on a un peu l'impression qu'il existe un mouvement de balancier : c'est ou l'un ou l'autre, et on oppose les pratiques les unes aux autres.

Pouvez-vous nous apporter des précisions sur les formations des infirmiers et sur la valorisation des métiers ? On assiste en psychiatrie à un recours massif aux CDD courts et les possibilités d'évolution des carrières demeurent très faibles. Quelles propositions pouvez-vous faire en ce domaine ?

Vous avez parlé à juste titre d'ambulatoire. Je suis toujours dubitative à ce sujet. La psychiatrie, en France, comme je l'ai déjà dit, a toujours voulu placer le malade hors les murs. On a cassé cette tentative. Vous affirmez qu'on maintient les secteurs, mais pour combien d'habitants ? Si les secteurs sont immenses, on perd du sens.

Je voudrais également connaître votre avis sur la fusion des CMP. Aujourd'hui, on est dans une logique de groupements hospitaliers de territoire (GHT), de fusion des établissements, etc., soi-disant pour fédérer les moyens. Il en va de même pour les CMP. Lors d'une visite, on m'a dit qu'on allait rapprocher les professionnels des quartiers populaires en fusionnant plusieurs CMP afin de mieux répondre à la demande.

J'aimerais obtenir des précisions sur cette politique, qui risque de générer de nouveaux problèmes. Peut-être reconnaîtra-t-on dans dix ans qu'on n'aurait pas dû fusionner les établissements.

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