Au nom du Sénat tout entier, je souhaite rendre dès à présent, dans notre hémicycle, un hommage solennel à un homme d’État au parcours exceptionnel, qui aura profondément marqué la France et les Français.
Nous avons tous en mémoire les responsabilités éminentes qu’il a exercées aux plus hautes fonctions de l’État. Je n’en rappellerai que les principales étapes.
Jacques Chirac s’engagea très tôt en politique. Dès 1962, à trente ans, il devint chargé de mission pour la construction, les travaux publics et les transports auprès du secrétariat général du gouvernement de Georges Pompidou, puis au cabinet du Premier ministre, dont il devint rapidement un fidèle partisan.
Les mandats électifs et les responsabilités ministérielles se succédèrent ensuite très rapidement. Il fut élu conseiller municipal de Sainte-Féréole en Corrèze, puis député de la circonscription d’Ussel en 1967.
La même année, il entra dans le gouvernement de Georges Pompidou comme secrétaire d’État à l’emploi auprès du ministre des affaires sociales, Jean-Marcel Jeanneney. Il fut ensuite secrétaire d’État à l’économie et aux finances, poursuivant parallèlement son implantation locale avec son élection comme président du conseil général de la Corrèze, poste qu’il occupera jusqu’en 1979.
En 1971, Jacques Chirac devint ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des relations avec le Parlement, ce qui nous parle à tous, ici. En 1972, il fut nommé ministre de l’agriculture – nous sommes nombreux à nous souvenir de cette étape déterminante de son itinéraire –, puis, en 1974, ministre de l’intérieur. Il fut ensuite le premier Premier ministre du septennat de Valéry Giscard d’Estaing, de 1974 à 1976.
Après avoir créé le Rassemblement pour la République et en avoir pris la tête, il devint, en 1977, le premier maire de Paris élu au suffrage universel.
En 1986, il fut pour la seconde fois Premier ministre, nommé cette fois par le président Mitterrand dans le contexte nouveau de la cohabitation.
Comme chacun sait, il fut par la suite élu deux fois président de la République, en 1995 et en 2002.
Ses combats restent d’une étonnante actualité, comme les trois grands « chantiers » de sa présidence : l’intégration des personnes handicapées, la lutte contre le cancer, la sécurité routière, ou encore son alerte sur l’urgence climatique. Chacun se souvient des mots qu’il avait prononcés à ce sujet en 2002 : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. »
Il a su aussi faire rayonner la France dans le monde. Personne n’a oublié, en particulier, son « non » à la guerre en Irak.
Dans toutes ses fonctions, Jacques Chirac a incarné les valeurs de notre République, comme l’a rappelé le président du Sénat, Gérard Larcher, dans un communiqué publié tout à l’heure : la liberté, en refusant toute compromission avec les extrêmes ; l’égalité, en luttant contre la fracture sociale ; la fraternité, dans sa proximité avec les Français.
Nous garderons tous le souvenir d’une personnalité très attachante, particulièrement chaleureuse et conviviale, d’une grande simplicité aussi. Jacques Chirac savait parler aux Français, avait un sens aigu des relations humaines. En toutes circonstances, il avait à cœur d’être attentif à tous ceux qu’il rencontrait et d’avoir un mot gentil pour chacun.
Vous me permettrez d’ajouter à ces quelques mots une touche plus personnelle. Comme pour beaucoup d’entre nous, quelles que soient les travées sur lesquelles nous siégeons, c’est pour moi aujourd’hui un moment d’émotion particulièrement forte.
À son épouse Bernadette, à sa fille Claude, à toute sa famille et à ses proches, ainsi qu’à tous ceux qui ont partagé ses engagements et ses combats, je tiens à présenter les condoléances sincères et émues de chacun des membres du Sénat.
Jacques Chirac restera présent dans nos mémoires.
Je vous propose maintenant d’observer un moment de recueillement.