Non, et vous êtes trop expérimenté sur les questions européennes, monsieur Bizet, pour ne pas le savoir : lors de chaque conseil des ministres de l’agriculture, depuis des années, nous nous efforçons de faire monter tout le monde au même niveau afin d’éviter toute distorsion.
Il y a encore quinze jours, sous la présidence de la Finlande, quand nous avons parlé de pesticides, de transition agroécologique, de bien-être animal, ce sont tous les pays européens qui en ont parlé. Pour prolonger la question de Mme Férat, ce qui m’inquiète, c’est de voir se dessiner une coupure définitive entre la société civile et le monde agricole. Or je ne le veux pas. Trop de paysans se font sortir de leur tracteur et insulter lorsqu’ils procèdent à des épandages au motif que cela empoisonnerait les enfants !
Je le soulignais tout à l’heure, il ne faut pas opposer compétitivité, innovation, recherche et transition écologique, faute de quoi nous ne nous en sortirons pas. Nous ne voulons donc pas bouillir plus blanc que blanc et il n’y a pas un sujet sur lequel, en France, nous voulons aller plus loin que les autres.
Nous sommes certes en avance, et il convient de garder cette avance. Nous voulons sortir du glyphosate au 1er janvier 2021, mais le Président de la République l’a clairement exprimé : nous ne laisserons aucune filière sans solution. C’est écrit dans tous les contrats de filières. L’Allemagne vient de décider l’interdiction du glyphosate pour 2022 et l’Autriche pour 2021. Vous le savez très bien, tous les pays d’Europe, y compris les pays d’Europe centrale et orientale, vont s’orienter vers une sortie du glyphosate en 2023.
Sommes-nous capables d’avoir une agriculture la plus durable du monde – il n’y a que les Français qui ne le savent pas ! – sans heurts ni oppositions dans le pays ? Telle est la vraie question et l’enjeu véritable !
Je me bats tous les jours pour faire comprendre à nos concitoyens que notre agriculture est une des plus durables du monde, si ce n’est la plus durable, et que notre alimentation est bonne. Si nous n’arrivons pas à faire passer ce message, nous allons avoir les plus grandes difficultés à instaurer un vivre ensemble entre la ville et les campagnes !