Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le débat d’aujourd’hui sur la régression de la place de notre agriculture part d’un constat alarmant. Je tiens à mon tour à féliciter notre collègue Laurent Duplomb pour son rapport d’information sur ce sujet, qui nous permet de nous exprimer afin de défendre nos agriculteurs dans leur travail au quotidien. Je pense plus particulièrement aux producteurs de fruits et légumes, qui sont touchés par une concurrence déloyale.
Ce thème a déjà été abordé, mais je voudrais parler de deux cas précis : la cerise du Gard et la carotte de Créances, exemples d’une aberration économique, sanitaire et écologique.
Certains produits phytosanitaires utilisés sur les fruits et légumes sont désormais interdits en France. Même s’ils sont parfois interdits en Europe, ils peuvent néanmoins bénéficier de nombreuses dérogations.
Prenons tout d’abord le cas de la cerise. En 2018, les producteurs se sont mobilisés pour dénoncer cet abus dont ils étaient les victimes. En effet, ils n’étaient plus autorisés à utiliser le diméthoate contre la mouche drosophila suzukii, alors que leurs concurrents étrangers, notamment turcs, pouvaient importer leurs fruits en France. Or, même si la production française n’est pas suffisante, les importations doivent être réglementées pour assurer une concurrence saine.
À la suite de cette concurrence déloyale manifeste, la France a opté en avril 2019 pour l’interdiction de l’introduction, de l’importation et de la mise sur le marché en France de cerises traitées par ce produit. Mais peut-on vraiment en être certain ?
Pour ce qui concerne la carotte de Créances, les producteurs de cette célèbre variété se sont vu interdire l’utilisation du dichloropropène. Aucune dérogation n’était possible, car il s’agissait d’une décision de l’Union européenne, et donc entérinée dans le droit français.
Pourtant, certains pays européens, notamment l’Espagne et l’Italie, ont obtenu, semble-t-il, des dérogations. Cette production française est donc frappée de plein fouet par la concurrence déloyale, ce qui a révolté nos agriculteurs. Ils réclament, très légitimement, une réglementation unique pour un marché unique.
De plus, il est choquant que l’on accepte de mettre dans l’assiette des Français ce que l’on ne veut pas voir produire en France pour des raisons sanitaires.
Où en sommes-nous, monsieur le ministre ? Pourquoi cette interdiction n’est-elle pas respectée ? Qu’attendons-nous pour défendre nos agriculteurs ?