Madame la sénatrice, lundi soir, avec d’autres parlementaires, députés et sénateurs, nous étions tous les deux sur le site pour mesurer l’ampleur de l’incendie.
Comme vous l’avez souligné, cet incendie très spectaculaire et grave a été maîtrisé en douze heures, sans victime ni blessé, grâce à l’exceptionnelle qualité de l’intervention des pompiers.
Je répondrai à votre question en tout point, mais permettez-moi d’abord de saluer devant le Sénat l’action remarquable des services de l’État et la coordination non moins remarquable entre les forces de l’ordre et de secours et les salariés du site. Grâce à eux, l’effet domino a été évité, alors que l’expansion du feu d’une zone de stockage vers des zones de production aurait eu des conséquences bien plus graves. Toutes vos questions sont légitimes, mais gardons à l’esprit l’exceptionnelle qualité de cette première réponse.
Madame la sénatrice, je comprends parfaitement l’émotion et l’inquiétude, voire la colère des Rouennais, et, au-delà, des habitants de la métropole et des communes qui ont vu passer le nuage et qui s’interrogent sur les conséquences de ce nuage sur leur santé.
Je redis le plus clairement et le plus fermement possible l’engagement absolu du Gouvernement à la transparence totale, complète. Toutes les informations, toutes les données scientifiques qui seront rendues disponibles par les analyses mises en œuvre seront communiquées au public.
Le principe de précaution a été appliqué avec vigilance dès le premier jour. Des recommandations claires ont été formulées. J’entends toutefois, madame la sénatrice, vos propos sur la diffusion de l’information. Le préfet, que je veux assurer de mon soutien, car son action était délicate, a reconnu lui-même, lors d’une rencontre avec les maires de la métropole rouennaise, que la qualité de l’information diffusée aux premières heures de l’événement à destination d’un certain nombre de maires n’avait peut-être pas été à la hauteur des aspirations légitimes formulées par les premiers magistrats des communes considérées.
Les retours d’expérience que nous réaliserons pour apprendre de cet événement nous permettront sans doute d’identifier les améliorations que nous pouvons apporter sur ce point.
Les consignes de vigilance ont été immédiatement données. Nous avons fait procéder au nettoyage de toutes les écoles avant leur réouverture lundi. Une campagne de surveillance approfondie de l’ensemble des impacts environnementaux sur l’eau, sur l’air, sur les sols avec des prélèvements a commencé dès vendredi.
Les résultats sont et seront rendus publics au fur et à mesure de leur délivrance, en fonction des produits qui sont testés et de la difficulté technique de ces analyses, certaines pouvant prendre plus de temps. Mais l’ensemble des résultats, je le répète, sera rendu public.
J’ai demandé au préfet de Normandie de rendre compte au public chaque jour en fin d’après-midi de l’avancée des travaux à l’occasion d’une conférence de presse. Il sera appuyé par une cellule nationale scientifique, car il faut apporter des réponses précises aux nombreuses questions techniques, environnementales ou médicales qui sont posées. Le directeur général de l’Ineris, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques, un expert de Santé publique France et le chef du service de pneumologie du CHU de Rouen seront associés à ses prises de parole, afin de donner les réponses les plus précises possible aux questions qui ne manqueront pas d’être posées.
Hier, en fin d’après-midi, le préfet a rendu publique la liste complète des produits présents dans l’entrepôt qui a brûlé avec les caractéristiques de ces produits et les risques associés. Je veux sur ce point être clair, mesdames, messieurs les sénateurs : depuis la fin de l’année 2017, pour des raisons de sécurité qui n’échapperont à personne, la liste complète des substances autorisées sur les sites classés Seveso n’était plus rendue publique, mais, dans tous les cas, cette liste ne dit rien des produits et des quantités qui sont réellement présents sur un site à un moment donné.
La liste que nous avons rendue publique hier est précise ; elle mentionne les produits qui étaient effectivement présents dans l’entrepôt qui a brûlé, ainsi que leur quantité. L’État a reçu cette liste hier matin, et nous l’avons publiée dans la journée.
Sur la base de cette liste, l’Ineris et l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, seront saisis dès ce jour pour faire des recommandations sur des produits supplémentaires à rechercher dans l’air ou dans les suies.
Mesdames, messieurs les sénateurs, nous ne savons pas tout aujourd’hui, parce que les analyses sont en cours et qu’il va falloir les poursuivre, et pendant longtemps. Ce que nous savons d’ores et déjà, concernant la qualité de l’air, c’est que tous les prélèvements d’air dont nous disposons à cette heure, dont les analyses ont été rendues publiques, font apparaître un état habituel de la qualité de l’air sur le plan sanitaire à l’extérieur du site.
Des analyses complémentaires ont été engagées pour vérifier si des fibres d’amiante sont présentes dans l’air, parce que la toiture des bâtiments qui ont brûlé en contenait. Les premiers résultats, pour les mesures effectuées dans un rayon de 300 mètres autour du site, ont été rendus publics hier : ils montrent qu’aucune fibre n’a été détectée dans les prélèvements de surface, et que les prélèvements d’air ne révèlent pas d’anomalie. D’autres résultats sur des zones plus éloignées vont suivre dans les prochains jours ; ils seront bien sûr rendus publics.
Je n’ignore pas les odeurs incommodantes qui perduraient encore hier. J’ai parfaitement conscience qu’elles gênent et qu’elles inquiètent la population. Mais les résultats connus des mesures d’air permettent aux autorités sanitaires d’affirmer que ces odeurs ne présentent pas de risque pour la santé. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les autorités sanitaires. Les services de l’État travaillent d’ailleurs avec l’entreprise pour résorber les sources d’odeurs. Comme l’a indiqué le préfet hier, les opérations de nettoyage du site sont en cours ; une protection sera installée sur la zone contenant des fûts endommagés pour capter les flux d’air.
Monsieur le président, je vous prie de m’excuser de cette réponse trop longue…