Intervention de Édouard Philippe

Réunion du 2 octobre 2019 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Incendie à rouen i

Édouard Philippe :

Monsieur le sénateur Marie, j’ai indiqué, à l’occasion de la réponse que je formulais à Mme Morin-Desailly, les engagements de transparence totale pris par le Gouvernement.

J’ai dit que nous communiquions les éléments au fur et à mesure que nous les avons et vous comprendrez bien – je ne veux pas prendre le sujet à la légère – que je ne peux pas produire le résultat des analyses avant que celles-ci aient été réalisées.

Les tests de prélèvements visant à vérifier la présence éventuelle de dioxine prennent du temps. Ce n’est pas moi qui le dis – je ne suis pas chimiste –, ce sont les spécialistes qui font ces analyses, et qui les font bien, parce qu’ils doivent donner une information sérieuse et précise : je pense que nous pouvons nous accorder sur ce point. Nous vous communiquons les résultats dès que nous les avons.

J’ai parfaitement conscience qu’au fur et à mesure que nous diffusons des informations de nouvelles questions se posent. C’est bien naturel, et nous ne nous arrêterons pas à cela, au contraire : toutes les informations qui seront connues seront rendues publiques ; elles susciteront de nouvelles interrogations, parfois peut-être de nouvelles angoisses, et nous y répondrons. J’ai parfaitement conscience que la parole et parfois l’expertise publiques sont contestées, qu’elles ne sont pas crédibles aux yeux de certains. Je le mesure et le déplore.

Mais je ne vais pas commencer à raconter n’importe quoi ou arrêter de donner les informations pour autant. Nous allons faire exactement ce que je me suis engagé à faire : communiquer au fur et à mesure qu’elles sont disponibles absolument toutes les informations.

Pour répondre aux demandes que vous avez formulées, monsieur le sénateur, je le redis : oui à la transparence totale, oui au suivi épidémiologique et au bilan de santé à court et à long terme, oui à la discussion scientifique des éléments qui seront fournis par les analyses.

Permettez-moi toutefois d’indiquer qu’il revient d’abord à l’Anses, à l’Ineris et aux hôpitaux de donner les éléments et de répondre aux questions. Mais ces informations étant par définition publiques, elles seront discutées, peut-être contestées par d’autres scientifiques ou d’autres médecins. Cette discussion ne me fait pas peur : elle est nécessaire, elle aura lieu, et nous nous expliquerons.

Vous m’interrogez sur la reconnaissance de l’état de catastrophe technologique. Je comprends bien l’intérêt qu’il pourrait y avoir à reconnaître officiellement qu’une catastrophe a eu lieu. À l’évidence, une catastrophe a eu lieu, mais l’instrument juridique tel qu’il a été conçu par le Parlement en 2003 ne répond manifestement ni aux caractéristiques de l’accident qui est survenu sur le site de l’usine Lubrizol ni aux questions que celui-ci pose.

En la matière, je ne veux pas me payer de mots – je pense que vous en serez d’accord. Je veux dire les choses telles qu’elles sont, et mettre en place les dispositifs tels qu’ils existent.

Mais surtout, monsieur le sénateur, je veux dire et redire que la responsabilité, les dommages relèvent de l’industriel : il n’échappera pas à la mise en jeu de cette responsabilité. Et c’est tout le sens de la législation que vous avez produite sur les installations classées.

Nous allons donc appliquer toute la loi en la matière, avec la rigueur et avec la totale transparence qui est due à nos concitoyens.

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