Intervention de Marc Fesneau

Réunion du 2 octobre 2019 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Situation des agriculteurs

Marc Fesneau :

Mesdames, messieurs les sénateurs, tout d’abord, je vous prie d’excuser le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, qui est actuellement retenu au sommet de l’élevage à Cournon-d’Auvergne.

Monsieur le sénateur Émorine, vous l’avez rappelé, la profession agricole est malheureusement très touchée par le drame du suicide, mettant en exergue la crise qu’elle traverse.

S’agissant précisément de l’élevage – un secteur qui compte beaucoup dans votre département –, la filière lait voit malgré tout la conjoncture s’améliorer. Même si l’on ne peut pas s’en satisfaire, le prix du lait progresse de plus de 5 % depuis le début de l’année.

Le franchissement de cette première étape – insuffisante, j’y insiste – est lié à la fois à la conjoncture mondiale et aux perspectives d’export.

Mais il s’agit également des premiers effets de la loi Égalim sur cette filière. Les outils sont entièrement en place depuis le 1er avril dernier. Il revient désormais à la profession de s’en saisir et de les faire vivre pour que l’on puisse améliorer le revenu des agriculteurs.

Par ailleurs, nous sommes vigilants sur de nouveaux sujets d’inquiétude : la perspective d’un Brexit dur ou le rétablissement des droits de douane par les États-Unis.

Cela dit, la conjoncture est actuellement très difficile pour la filière viande bovine, et la sécheresse ne fait qu’accentuer la crise.

Je rappelais, la semaine dernière, les mesures qui ont été prises en matière d’avancement des primes octroyées, à l’échelon européen, dans le cadre de la politique agricole commune – la PAC –, ou encore d’application, prévue dans de tels cas, de dégrèvements au titre de la mutualité sociale agricole – la MSA – ou de la taxe foncière sur les propriétés non bâties. Mais, dans un tel contexte, la mise en œuvre des orientations des plans de filière est plus que jamais nécessaire.

Je souhaite évoquer brièvement l’export. Pour ne citer qu’un exemple, nous pouvons faire mieux que les 200 tonnes actuellement exportées vers la Chine, tant ce marché est important et offre des perspectives d’avenir. Sur ce sujet également, il nous faudra accompagner la filière.

Je veux enfin saluer le travail réalisé par l’interprofession pour trouver des solutions, afin que la rémunération des éleveurs soit revalorisée dans les coûts de production.

Le Gouvernement est donc conscient de la situation et agit. Mais on le voit bien, la réponse ne peut se restreindre au seul plan économique. Au moins un suicide tous les deux jours, mesdames, messieurs les sénateurs, et, chaque fois, c’est un drame intime, familial, local. C’est, en définitive, un drame qui affecte toute la Nation, car, au-delà des difficultés économiques et conjoncturelles, la profession souffre d’une crise du sens.

Nous devons accompagner, défendre et protéger les agriculteurs. Nous devons leur dire ce que nous leur devons. Veillons aux mots que nous employons ! Je sais, mesdames, messieurs les sénateurs, que nous partageons cette préoccupation quant à la nécessité de trouver les bons mots et d’arrêter, comme on le voit trop souvent dans les médias, de vilipender, de critiquer cette profession.

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