Monsieur le sénateur, j’ai eu l’occasion d’aborder cette question lors mon intervention liminaire. Je pense qu’il y a là un sujet défensif et un autre offensif.
D’un point de vue défensif, certaines technologies développées dans un contexte de valeurs opposées aux nôtres doivent être considérées via le prisme de la politique commerciale de l’Union européenne. En effet, pour ce qui est de la reconnaissance faciale, les Chinois sont probablement meilleurs que nous, en tout cas pour un certain nombre d’applications. Il faudra en tirer les conséquences : on ne saurait accepter une distorsion de concurrence fondée sur des pratiques contraires à notre propre éthique.
Il faut avoir une approche défensive, mais également offensive, car, malheureusement, dans le monde du numérique, les usages s’imposent souvent. Les Français peuvent trouver que Google et Facebook ne paient pas suffisamment d’impôts et qu’ils ne respectent pas assez la vie privée, comparativement à ce qu’exigent nos valeurs nationales et européennes… Il n’empêche que 40 millions de Français utilisent Facebook et que Google dispose de plus de 90 % de parts de marché en tant que moteur de recherche !
Il nous faut donc avoir nos propres Google et Facebook. Dans un monde où les usages s’imposent et où n’existent qu’un seul moteur de recherche, un seul réseau social et une seule application de réservation de voitures, nous devons avoir nos propres leaders, parce que le leader fixe la norme. Il est impératif de mener cette stratégie défensive de protection de nos valeurs et de nos relations commerciales, mais également – je le répète – de faire émerger nos propres champions, lesquels fixeront la norme pour tous.