La question des conséquences de la numérisation – j’irai plus loin que l’intelligence artificielle, car nous sommes face à un bouleversement du monde du travail, qui découle de la transformation numérique – ne fait pas l’unanimité au sein du monde de la recherche. Il est très difficile, vous l’avez dit monsieur le sénateur, de dire s’il y aura des disparitions d’emplois, combien de métiers seront transformés, si le résultat sera bénéfique ou négatif.
Je constate que les Allemands ont six fois plus de robots que nous et qu’ils sont au plein-emploi. La question, c’est d’être compétitif et au bon niveau, pour tirer notre épingle du jeu. Le véritable problème est celui de la transition : il faut être capable de former les gens et de les reformer, car certains emplois, comme dans la banque ou la distribution, seront considérablement transformés, afin de les conduire, quel que soit leur niveau de qualification – les ingénieurs seront aussi touchés –, vers les emplois du numérique.
Ce sujet est au cœur du pacte productif sur lequel nous travaillons avec Muriel Pénicaud et Bruno Le Maire. Nous abordions précisément ce matin encore la question de la formation et de la reformation dans le cadre de la transformation numérique, qui est aussi un atout : 80 000 postes sont ouverts dans le secteur numérique, et il y en aura 200 000 en 2022.
Il faut voir le numérique comme un atout, mais il est nécessaire de penser la transition et la formation des travailleurs. Je suis convaincu qu’il faut définir un cadre national, mais que les choses se feront par bassin d’emploi. C’est autour de Perpignan, de Lille, que les employeurs, les organisations syndicales, les collectivités territoriales, Pôle emploi et l’État doivent travailler pour identifier combien de personnes risquent de voir leur métier transformé, quelles sont leurs opportunités et comment les former pour s’adapter aux changements.