Les usages de l’intelligence artificielle et des algorithmes qui y président sont multiples, croissants et, dans bien des cas, invisibles et incompréhensibles pour le commun des mortels.
Parmi les usages les plus emblématiques, je citerai les fils d’actualité des réseaux sociaux. Or ces réseaux constituent pour les jeunes de 15 ans à 34 ans les vecteurs d’information principaux dans plus de 70 % des cas.
Les algorithmes qui régissent les réseaux sociaux et les mécanismes de traitement des données associées nourrissent tous les fantasmes et autorisent des manipulations d’opinion. Pour reprendre un propos de Tristan Mendès France, maître de conférences à la Sorbonne, spécialiste des nouveaux médias, « les algorithmes accentuent, non pas ce qui est vrai, mais ce qui est choquant, ce qui est clivant ».
Le rapport de la Commission nationale de l’informatique et des libertés de décembre 2017 sur les algorithmes à l’heure de l’intelligence artificielle posait déjà la question en ces termes : comment permettre à l’homme de garder la main ? J’ajouterai : comment le citoyen, la démocratie, la République peuvent-ils garder la main ?
Là où le débat public, le débat démocratique, la Constitution, la République posent des règles – l’égalité hommes-femmes, des principes non discriminatoires, le respect de la vérité –, la fabrique de l’opinion pour les jeunes générations s’opère très majoritairement dans un espace dérégulé, international, dans lequel la réalité peut être distendue.
Aristote disait que le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous. Monsieur le secrétaire d’État, quelle stratégie comptez-vous proposer pour mettre en œuvre des usages éthiques et régulés de l’intelligence artificielle dans le secteur de l’information ?