En novembre 2018, le Gouvernement présentait les grandes lignes de sa stratégie de recherche en matière d’intelligence artificielle, à laquelle seront consacrés 665 millions d’euros d’ici à 2022.
Le Gouvernement entendait notamment augmenter les financements de doctorants en intelligence artificielle et le nombre de ces derniers, qui était d’environ 250. Il projetait également de créer 40 chaires via un appel à candidatures national et international. Sur ce point précis, où en sommes-nous ? Ce programme, qui a le grand mérite d’exister, ne semble pas à la mesure de la compétition internationale qui fait rage – presque tout le monde ici le reconnaît, et vous-même en avez convenu en y intégrant la stratégie européenne.
De notre côté, nous sommes pleinement conscients que des machines autonomes pourraient demain prendre le contrôle de nos existences, utiliser nos données comme bon leur semble pour, par exemple, nous exclure de la société ou renforcer une élite. Les machines ont désormais des capacités « d’apprentissage profond » : elles peuvent tirer des points communs ou des règles statistiques d’une immense quantité de données. Elles reconnaissent ainsi une image ou un son, orientent un véhicule ou une personne.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas s’engager davantage ? Les Français le comprendraient aisément et rejoindraient M. Villani, notre médaille Fields, quand il dit : « Il y a […] un travail d’éducation à faire pour défendre la responsabilité humaine, éviter que des algorithmes surestimés ne renforcent des discriminations, et définir le meilleur partage des tâches entre humains et machines. »