L’intelligence artificielle ouvre pour nos armées de nouvelles perspectives. Elle fait figure d’enjeu de souveraineté de premier ordre. Elle a pour particularité, en matière de défense, d’être tirée par le secteur civil, et est emblématique de l’inversion des circuits d’innovation traditionnels.
Dans ce contexte singulier, les usages de l’intelligence artificielle dans le domaine militaire doivent impérativement donner lieu à un effort de formation et de programmation.
Trois questions semblent s’imposer.
La première concerne l’enjeu crucial de formation des armées et de l’ensemble des corps.
La cellule de coordination de l’intelligence artificielle de défense annoncée cet été est un mouvement positif, qui permettra de développer une réelle expertise de métier. En parallèle de cette dynamique, comment l’État compte-t-il répondre aux besoins de formation aux nouvelles technologies, induits par l’intelligence artificielle, de l’ensemble de nos forces armées sur le terrain ?
La deuxième question a trait aux collaborations de recherche comme enjeu de compétitivité.
L’objectif est de faire entrer la défense dans les écosystèmes de la recherche publique française, à la fois, par la formation et par la recherche appliquée. Afin de gagner du temps pour développer de meilleures technologies, quelle logique de décloisonnement de la recherche militaire l’État a-t-il prévu afin d’absorber et de collaborer avec les institutions publiques bénéficiant de financements importants en termes d’innovation ?
La troisième question porte sur la valorisation croisée des innovations civiles et militaires.
Les investissements alloués à la recherche de défense sur l’intelligence artificielle permettront-ils de capter des technologies de rupture dans le domaine civil ? À l’inverse, des résultats importants de la recherche publique pourront-ils être classifiés facilement, afin de les protéger temporairement ? Enfin, dans quelle mesure ces découvertes de recherche publique pourront-elles bénéficier à nos entreprises françaises ?
Ne répétons pas l’erreur commise avec les télécommunications militaires que nous n’avons pas su utiliser dans le domaine civil pour développer la 5 G !