On l’a bien vu, le déploiement de l’intelligence artificielle se traduira par des comportements nouveaux dans nombre de secteurs économiques, mais – la question a été posée – il y aura peut-être aussi un revers douloureux, au travers de destructions massives d’emplois, certaines tâches pouvant de plus en plus être réalisées par des robots ou des agents intelligents, et non plus par des humains.
En effet, avec l’intelligence artificielle, les robots ne remplacent plus le travail humain seulement dans les usines, mais également, désormais, dans les emplois de services. Or ceux-ci représentent 75 % de l’emploi en France.
Dans le cadre de la délégation sénatoriale à la prospective, ma collègue Marie Mercier et moi-même menons des travaux destinés à anticiper les changements majeurs que la robotisation pourra entraîner dans les emplois de services. De nombreux secteurs sont concernés – la banque, l’assurance, la santé, le secteur social, l’enseignement, le transport ou encore la sécurité – et il nous faut éviter les différents scénarios catastrophes, qui peuvent revêtir plusieurs visages.
Le premier, qui n’est sûrement pas le plus probable, consiste en un déploiement de l’intelligence artificielle aboutissant à la destruction massive d’emplois. Selon un deuxième scénario, peut-être plus sournois, l’intelligence artificielle serait capable de réaliser des tâches de plus en plus complexes, et de s’adapter et d’analyser plus vite que nous ; dans ce cas, les emplois peu ou faiblement qualifiés, voire les emplois intermédiaires, seraient alors massivement touchés.
Mes questions sont les suivantes, monsieur le secrétaire d’État. Avez-vous identifié les activités et les métiers les plus menacés par le déploiement de l’intelligence artificielle ? Quelle est la stratégie du Gouvernement à cet égard ? Quel accompagnement proposer aux employés peu qualifiés des secteurs de services, qui vont devoir monter en gamme ? Quelles actions envisagez-vous pour diffuser une culture de l’adaptabilité au travail, en France ?