Nous avons déjà eu l’occasion d’aborder le sujet et j’ai indiqué que les projections, en matière de créations et de destructions d’emplois – vous l’avez bien dit –, sont aujourd’hui assez peu claires quant au résultat final.
Ce qui est certain, c’est que certains métiers fortement répétitifs – vous avez parlé de la banque, on peut aussi penser à la distribution ou à certains secteurs industriels – sont effectivement menacés par l’intelligence artificielle, qui traite très bien les tâches répétitives. Cela concerne aussi des métiers plus élevés, dans lesquels il y a beaucoup de données à traiter ; je pense par exemple au métier d’avocat, qui peut être fortement menacé par l’intelligence artificielle, puisque ce métier consiste pour une part à repérer des schémas dans de très grandes bases de données.
Il nous faut donc prévoir la transition ; tel est l’objet de la GPEC, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, sur laquelle nous sommes mobilisés.
En effet, nous sommes confrontés à une aberration : d’un côté, des métiers sont menacés, mais, d’un autre côté, certains emplois, et non pas seulement des emplois d’ingénieur, sont non pourvus. Ainsi, il y a aujourd’hui 80 000 postes dans le numérique en France, et il y en aura 200 000 en 2022, soit 900 000 à l’échelon européen – 900 000, rendez-vous compte ! –, et, je le répète, il ne s’agit pas que du métier d’ingénieur. Il y a certes des tensions sur le métier d’ingénieur, mais il y en a aussi sur les métiers de technicien et d’opérateur.
La question à se poser est donc celle de la formation. Un certain nombre de cadres doivent être définis à l’échelon national, mais cela doit aussi être traité localement, bassin d’emploi par bassin d’emploi, y compris dans la ruralité. Il se crée aujourd’hui, quasiment partout en France, des emplois liés au numérique et, encore une fois, pas seulement des emplois d’ingénieur ; néanmoins, encore faut-il être capable d’identifier les populations menacées d’ici à trois ans ou cinq ans. Cela permettra de mettre ensuite en place les formations pertinentes – souvent, elles existent déjà et, généralement, ce n’est pas l’argent qui pose problème, mais il faut brancher les bons tuyaux –, afin d’organiser cette période de transition.
C’est donc aux acteurs sur le terrain – c’est la proposition que nous ferons dans les mois qui viennent – de se saisir du sujet, qui est profondément local.