Je serai très heureux, monsieur le sénateur, de vous répondre hors micro sur votre dernière question.
Sur votre premier point, je suis persuadé qu’il n’est pas trop tard. C’est un peu le dernier wagon qui part, mais on peut encore monter à bord. Pourquoi suis-je persuadé qu’il n’est pas trop tard ? Parce que nous avons la matière première : les cerveaux. La question se pose de savoir comment les retenir et comment faire en sorte qu’ils trouvent ici le terreau leur permettant de se développer et de créer leurs entreprises, mais ce serait bien plus compliqué si l’on ne les avait pas.
Il n’est donc pas trop tard, mais il faut les retenir et en former plus. Pour revenir à ce que disait précédemment le M. le sénateur Ouzoulias, on manque effectivement de personnes compétentes, il faut en former plus. C’est pourquoi nous avons l’objectif de doubler le nombre de formations ; il y avait 18 masters en intelligence artificielle, voilà deux ans ; il y en a 34 aujourd’hui. Cela avance.
Sur la question des valeurs, je pense avoir en partie répondu tout à l’heure. Il faut trouver la ligne de crête, être capable de développer nos propres champions sans abandonner nos valeurs. Ce n’est jamais facile et il n’y a pas de règle préconçue qui s’applique.
Cela dit, il faut, au minimum, libérer les expérimentations – je le disais tout à l’heure à propos des collectivités territoriales et de la reconnaissance faciale –, dans des cadres très limités et très stricts.
En outre, il faut ne pas être naïf ; c’est le sujet de la politique commerciale que j’évoquais tout à l’heure. Ainsi, dès lors que nous aurons fixé le cadre et les valeurs intangibles pour nous, on ne pourra pas permettre à des pays qui développent des algorithmes en contradiction avec nos valeurs de concurrencer nos entreprises, lesquelles ne pourront évidemment pas être compétitives.
Quant à la question juridique, il est difficile d’y répondre aujourd’hui. Beaucoup de questions se posent ; s’il y a un accident impliquant une voiture pilotée par l’intelligence artificielle, qui est responsable ? Une partie de la réponse résidera dans l’expérimentation. Il faut rendre celle-ci possible, parce que beaucoup de réponses se dégageront. Aujourd’hui, en tout cas, il est difficile de vous donner une réponse claire et précise.