Les outils d’intelligence artificielle dans le domaine de la santé se développent depuis plusieurs années, avec notamment l’aide au diagnostic en imagerie ou en matière de chirurgie. La France possède de nombreux atouts, grâce à d’importantes compétences scientifiques, une base médico-administrative solide et, prochainement, une infrastructure numérique, avec la plateforme des données de santé, le Health Data Hub, qui permettra de développer l’intelligence artificielle en santé.
Cela dit, il faut regarder plus loin, car les évolutions sont rapides. Les géants de la technologie numérique, les Gafama – Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Alphabet – cherchent à se diversifier, et à conquérir le secteur de la santé. Ils disposent d’une puissance financière largement supérieure à celle des nations.
Les Gafama sont arrivés dans le domaine de la santé avec une dynamique d’influence et de diffusion de valeurs qui ne sont pas à proprement parler humanistes. Leur avance industrielle peut avoir des conséquences sur les modalités de diffusion de l’intelligence artificielle et de la robotisation en santé.
À titre d’exemple, l’entreprise Verily Life Sciences, filiale d’Alphabet, donc de Google, a lancé la Baseline Study, qui collecte des données phénotypiques sur 10 000 volontaires en quatre ans, en collaboration avec les universités de Stanford et Duke. Entre 2013 et 2017, Alphabet a déposé 186 brevets dans le domaine de la santé.
En France, les données de santé sont et resteront protégées, mais des collectes de données se font via des applications ou des objets connectés, et ces données sont transmises à des entreprises privées sans aucun contrôle. D’autre part, des utilisateurs français pourraient à l’avenir demander à importer une solution d’intelligence artificielle élaborée à l’étranger et non autorisée en France.
Sachant que ces entreprises ne respecteront pas forcément les règles éthiques en vigueur en France et en Europe, il est évident qu’il faut organiser un contre-pouvoir au développement des Gafama dans le secteur de la santé.
Monsieur le secrétaire d’État, comment faire en sorte que les Gafama ne mettent pas la main sur les données de santé des Français ? Quelle stratégie envisagez-vous de mettre en œuvre pour préserver le système de santé français face aux géants américains ?