Madame la sénatrice, vous soulignez un sujet extrêmement important, dans lequel il faut avoir une approche tant défensive qu’offensive.
Aujourd’hui, nous avons un cadre assez protecteur des données de santé, mais, je le disais tout à l’heure, dans le cadre du numérique – c’est particulièrement vrai dans le secteur de la santé –, les usages s’imposent.
Nous pourrions donc nous retrouver dans cette situation, assez aberrante : nous interdirions la recherche sur les données des Français ; les Chinois l’autoriseraient chez eux et développeraient des champions ayant des algorithmes permettant de mieux soigner ; et, demain, quand vous aurez le choix entre – pardon de le dire très trivialement – vivre cinq ans de plus en donnant l’accès à vos données et garder celles-ci, mais avoir une espérance de vie un peu réduite, votre choix sera assez rapide…
Voici quel est l’enjeu pour la France, aujourd’hui : nous avons un atout – nous possédons l’une des cinq plus grandes bases de données de santé du monde –, donc il faut faire en sorte, dans un cadre protecteur de la vie privée, de mettre ces données à la disposition de la recherche et d’un certain nombre d’industriels.
De cette manière, c’est nous qui développerons ces champions et ces systèmes. Je pense profondément que les entreprises ont une identité et que, comme c’est le leader qui fixe la norme, il faut faire en sorte que ce leader soit français et européen. Ainsi, on en revient toujours à cette ligne de crête entre innovation et protection, dans un cadre où l’usage s’imposera in fine par rapport à la protection de la vie privée, car on choisira toujours la santé aux dépens de la protection de données.
Autre problème : il faut faire en sorte que ces algorithmes fonctionnent pour les Européens. En effet, on pourrait se retrouver dépendants d’algorithmes chinois ou américains, élaborés sur le fondement de phénotypes ou de problématiques, respectivement, chinois ou américains, et fonctionnant donc moins bien pour des Européens.
Ma réponse sur ce sujet absolument passionnant est trop courte, mais il faut à la fois avoir une attitude défensive et offensive, et faire en sorte que ce soit nous qui développions ces champions, afin d’avoir tant les soins que la valeur créée par ces entreprises.