Intervention de Jean-Pierre Farandou

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 2 octobre 2019 à 10h00
Audition de M. Jean-Pierre Farandou candidat proposé par le président de la république aux fonctions de président du directoire de la sncf

Jean-Pierre Farandou, candidat proposé aux fonctions de président du directoire de la SNCF :

L'actualité sociale est extrêmement chargée. Je veux d'abord évoquer ce qui se passe à l'intérieur de la SNCF ; nous le maîtrisons. Le pacte social qu'il nous faut conclure va représenter une petite révolution : il est la conséquence de l'arrêt du recrutement au statut. Aujourd'hui, les règles sociales applicables ne sont pas complètes ; il va falloir définir en un laps de temps très court les règles de rémunération, de déroulement de carrière, ou encore de formation ; en bref, les droits et les devoirs des nouveaux salariés et de l'entreprise. Ce serait mieux si l'on pouvait signer un accord. C'est une course contre la montre : chaque enjeu est légitime, mais leur cohabitation n'est pas simple ; il y a des équilibres à trouver. Il faut qu'on ait envie d'entrer à la SNCF et d'y rester, mais il faut faire attention à la masse salariale, qui représente un coût important dans un moment de trajectoire financière rigoureuse et de course à la compétitivité. Des contreparties sont nécessaires ; je pense notamment à la polyvalence dans la nouvelle organisation du travail. La difficulté, c'est la nouveauté : il faut inventer quelque chose de différent du statut.

Pour améliorer notre compétitivité, il nous faudra mener un plan de productivité très exigeant. Des baisses d'emplois seront nécessaires ; il faudra le faire accepter par les cheminots et accompagner les sujets humains dans leur reconversion. L'enjeu social est important.

Le sujet identitaire est parfois le plus difficile. Les cheminots subissent réforme sur réforme, depuis 1996 et, surtout, depuis 2014. Les organisations secouées, et même la vision qu'ont les cheminots de l'entreprise ; ils ne savent pas quel sera son avenir et ce que l'État veut faire de la SNCF. Ils sont perdus : il est donc plus que temps de leur donner du sens, de les rassurer sans leur mentir. Il faut qu'ils aient le sentiment qu'il y a un capitaine dans le bateau.

À ces aspects internes s'ajoutera bientôt la volonté gouvernementale d'instaurer un régime universel de retraites. Le régime de retraite des cheminots représente un marqueur identitaire très fort, une condition du contrat social qui lie les cheminots à leur entreprise. Ce sera sensible ! Il n'y a pas trente-six méthodes : il faut un dialogue respectueux, clair et lucide. C'est un préalable. Il nous faut dialoguer avec tous les syndicats, même ceux qui ne sont pas d'accord avec nous. Ils nous disent des choses que pensent beaucoup de cheminots. Il faut regarder avec eux quel est le chemin le moins mauvais, le plus accessible, pour construire l'avenir. Je suis optimiste, car il y a toujours un chemin, on peut toujours en appeler au sens des responsabilités des cheminots. On sait que les syndicats peuvent bloquer la SNCF, mais est-ce lui rendre service ? Est-ce ainsi qu'on prépare le futur de la SNCF, qu'on la renforce ?

Le dialogue social ne se résume pas aux syndicats, mais ils sont importants. Il nous faut des représentants du personnel. Mon ambition est d'aller voir le corps social. J'espère pouvoir aller sur le terrain une fois par semaine. Le pacte ferroviaire est un projet voulu par les Français, au travers de leur Gouvernement. Sa mise en oeuvre sera difficile, mais il faut se rappeler qu'il vise à faire de la SNCF le champion de la mobilité au service des territoires. Je veux discuter avec les cheminots et construire avec eux ce chemin, dès le premier jour de ma présidence.

L'urgence environnementale est un sujet citoyen auquel nous sommes tous sensibles, qu'il s'agisse du dérèglement climatique ou de la biodiversité. Notre responsabilité, quand nous sommes aux manettes d'une entreprise, est de prendre des actions concrètes. Nos leviers d'action sont nombreux, du glyphosate au diesel. Presque la moitié des TER est encore tractée par des engins diesel, de même que les trains de travaux. Notre objectif est de ne plus avoir recours au diesel en 2035, donc très rapidement ! Quels moyens de traction différents utiliser ? Il faut le déterminer tout de suite. Avec les régions, nous développons le recours aux TER hybrides, où l'entrée dans les villes se fait sur énergie électrique. Je crois en l'avenir de l'hydrogène. La France est en avance dans cette filière. Les batteries électriques peuvent aussi être une solution.

Par ailleurs, il nous faut être irréprochable quant à la gestion de l'eau et des déchets. En outre, des panneaux solaires peuvent être installés sur des surfaces considérables le long des voies, là où l'on se contente aujourd'hui de mettre du glyphosate !

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