Intervention de Jean-Pierre Farandou

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 2 octobre 2019 à 10h00
Audition de M. Jean-Pierre Farandou candidat proposé par le président de la république aux fonctions de président du directoire de la sncf

Jean-Pierre Farandou, candidat proposé aux fonctions de président du directoire de la SNCF :

Le fret est un sujet extrêmement difficile. Personne ne pourrait comprendre qu'il n'y ait plus de fret ferroviaire en cette époque de transition écologique. Les autoroutes sont saturées de camions. On ne peut abandonner tout le transport de marchandises à la route.

Cela dit, depuis des années, on n'y arrive pas. Il y a des raisons sérieuses qui nuisent au fret ferroviaire. Il va falloir être inventif pour inverser la pente. La filialisation, cruciale dans cette perspective, n'est pas si simple : Bruxelles doit donner son accord et l'environnement juridique européen n'est pas le plus aimable possible.

Le capital dont disposera la nouvelle SA sera important - 170 millions d'euros - et les 5 milliards d'euros de dette actuelle resteront à la maison mère. Toutefois, ce capital ne lui permettra de tenir que deux ans. D'ici là, le problème devra avoir été traité. Les dirigeants du fret ont un plan d'affaires et promettent que tel sera le cas. C'est bien, mais je suivrai de près la réalisation de ce plan pour m'assurer de sa réussite. Les solutions sont européennes, car le transport de marchandises l'est aussi. Le fret est pertinent seulement sur la longue distance, depuis les ports allemands et néerlandais. Il nous faut discuter avec nos partenaires du nord comme du sud de l'Europe.

Il y a une chose très simple à faire, mais nous n'y sommes pas encore parvenus : réserver des sillons de qualité pour les trains de fret. La vitesse théorique de ces trains est de 100 kilomètres par heure, mais leur vitesse réelle ne dépasse pas 30 kilomètres par heure, parce qu'ils doivent tout le temps laisser passer des trains de voyageurs ou, la nuit, ralentir dans les zones de travaux. Il faut leur ménager des sillons de qualité européens. Clairement, les travaux nocturnes gênent le fret. Les ouvriers aussi bénéficieraient de travaux diurnes, mais le trafic de voyageurs serait affecté. C'est une cause d'intérêt général, national et européen : il faut créer les conditions d'une discussion afin de transférer certains travaux sur des horaires de jour. Une locomotive est un investissement qui n'est rentable que si elle roule à la bonne vitesse. Je veux sauver le fret, mais il faudra prendre des décisions courageuses emportant quelques inconvénients.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion