Intervention de Adrien Taquet

Réunion du 3 octobre 2019 à 14h30
Violences sexuelles sur mineurs en institutions : pouvoir confier ses enfants en toute sécurité — Débat interactif

Adrien Taquet :

Des dispositifs existent dans d’autres pays. Nous avons l’impression que cette question n’a pas été étudiée en France.

Le Dunkelfeld allemand que vous évoquez, qui signifie « zone d’ombre », est l’équivalent du Don ’ t offend britannique, qui a permis des campagnes de communication grand public, des films diffusés à la télévision. Il s’agit de services d’écoute et d’accompagnement des personnes attirées sexuellement par les enfants ou les adolescents. L’accompagnement proposé est entièrement gratuit, l’anonymat est garanti.

De tels services, vous l’avez dit, s’adressent aux personnes attirées sexuellement par des mineurs, avant leur premier passage à l’acte, aux auteurs d’infractions sexuelles sur mineurs dont les actes ne sont pas connus de la justice et aux auteurs condamnés ayant purgé leur peine et craignant de récidiver. Ils peuvent aussi être des outils de lutte contre la récidive. Ils permettent d’éviter le passage à l’acte, mais aussi de sensibiliser le grand public. La vertu de ce genre de dispositifs, notamment quand on communique à leur sujet, c’est qu’ils contribuent à faire prendre conscience que les problèmes existent bel et bien.

Le nombre élevé de consultations du site internet de l’association PedoHelp, qui oriente les personnes pédophiles vers des professionnels, ou encore de celui d’Une Vie, qui s’adresse aux soignants, démontre qu’il y a bien des besoins en la matière.

En France, les centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles, qui sont des structures de service public réunies dans une fédération française, proposent un réseau d’écoute et d’orientation, à titre expérimental pour l’instant et au niveau local. Ce réseau, notamment, défend l’idée d’un numéro national gratuit. C’est également l’une des recommandations de votre rapport et de celui qui a été coordonné par M. Delarue sur les auteurs de violences sexuelles. Une campagne nationale d’information, tant sur son numéro vert que sur la plateforme PedoHelp, est également préconisée.

Ces initiatives me semblent fondamentales pour répondre aux difficultés des pédophiles avant que leur agression destructrice ne prenne une tournure pénale. Toutes ces propositions font actuellement l’objet de la part de mes équipes d’une analyse et d’une expertise, car elles nous semblent intéressantes. Notre réflexion n’est pas totalement aboutie, mais elle est en cours, en vue de l’annonce du plan de lutte contre les violences faites aux enfants en novembre prochain.

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