Madame la présidente, monsieur le président de la commission des affaires sociales, mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez choisi de débattre de la Guyane. Permettez-moi de saisir cette occasion de rendre hommage à un grand homme politique qui nous a quittés tout récemment après avoir marqué notre Ve République, car il était un ami des outre-mer, parmi lesquels la Guyane, qu’il visita à neuf reprises comme Président de la République. « C’est grâce, en grande partie, à ces terres de l’outre-mer français que la France est et reste une grande Nation », disait-il.
Son parcours et ses décisions ont marqué profondément nos territoires ultramarins. Je songe en particulier à la décision de faire du 10 mai la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.
Il avait compris bien avant nous la richesse de ce territoire, ses spécificités et ses défis, immenses, à la mesure d’un territoire où, peut-on penser, tout n’est qu’extrême. De fait, la population guyanaise a plus que doublé en vingt ans : les moins de vingt ans représentent 42 % de la population, contre moins de 24 % dans l’Hexagone. Mais l’espérance de vie est en Guyane inférieure de deux ans à celle observée en métropole. Par ailleurs, il y a sur le sol guyanais dix fois plus d’homicides que dans l’Hexagone.
L’économie locale est nourrie à 90 % par la commande publique. La Guyane, qui compte seulement soixante et un médecins pour 100 000 habitants, présente en outre un taux d’équipement trois fois inférieur à la moyenne nationale.
Comme vous l’avez expliqué, monsieur le président de la commission des affaires sociales, en vous appuyant sur le voyage que votre commission a accompli en Guyane, le diagnostic en matière de santé est sévère.
Je saisis cette occasion de m’excuser auprès des parlementaires guyanais, du président de la collectivité et de toutes les autorités locales d’avoir dû reporter, à mon grand regret, la visite que je devais faire sur place. J’accomplirai d’ici à la fin de l’année ce déplacement consacré à la protection de l’enfance et, plus globalement, aux questions qui nous rassemblent cet après-midi.
Oui, la Guyane connaît des difficultés particulières, liées notamment à son territoire, à sa démographie et à son histoire. Ce n’est pas un hasard si, quelques mois après son élection, le Président de la République s’est rendu sur place : la Guyane est connue comme l’un des territoires les plus difficiles et les plus en crise de nos outre-mer.
Dès le début du quinquennat, la Guyane a bénéficié, notamment en matière de santé, d’une mobilisation générale du Gouvernement. Ainsi, 25 millions d’euros ont été attribués dès 2017 au centre hospitalier de Saint-Laurent-du-Maroni pour lui permettre de faire face à son budget d’investissement. Le centre médico-chirurgical de Kourou, mis en vente par la Croix-Rouge, a été transformé en hôpital public. Quant à l’hôpital de Cayenne, il a bénéficié d’un abondement exceptionnel de trésorerie de 20 millions d’euros, ainsi que de 40 millions d’euros pour un programme spécial d’investissement.
Au-delà de la nécessité de s’atteler à la rénovation des infrastructures, je ne puis, monsieur le président de la commission des affaires sociales, que vous donner raison : il faut également combattre le manque de professionnels de santé.
On comptait, au 1er janvier 2018, 611 médecins inscrits à l’Ordre de Guyane ou déclarant une activité dans ce territoire, dont 59 % sont des généralistes. La densité de médecins généralistes libéraux est en Guyane plus de deux fois inférieure à celle observée dans l’Hexagone, et les autres professions de santé sont également caractérisées par des effectifs et des densités pour 100 000 habitants très faibles relativement à d’autres territoires, et de manière générale à l’Hexagone.
Permettez toutefois au secrétaire d’État chargé de l’enfance de mettre en lumière une donnée positive : la densité de sages-femmes, en réponse au nombre élevé de naissances sur le territoire, est plus élevée en Guyane que dans l’Hexagone.