La santé en Guyane est une préoccupation majeure, et cela ne date pas d’aujourd’hui. En effet, notre appareil de soins n’est absolument pas adapté aux réalités de ce territoire, qui s’étend sur plus de 80 000 kilomètres carrés et connaît une croissance démographique très forte.
Ainsi, l’inégale répartition de l’offre de soins a pour conséquence une crise sanitaire qui s’accompagne indéniablement d’une grande précarité, d’autant que la Guyane est confrontée à de nombreuses pathologies infectieuses et chroniques ou à des problèmes spécifiques, comme la drépanocytose.
Contrairement à ce qu’affirment certains, ce n’est pas à la Guyane de s’adapter au système de santé hexagonal, mais plutôt au système de santé de s’adapter à la Guyane ! Les Guyanais ne peuvent plus se contenter de trois hôpitaux et de dix-huit centres délocalisés de prévention et de soins dans des zones reculées et difficiles d’accès. L’offre de soins y est marquée par un niveau d’équipement de deux à trois fois inférieur à celui observé dans l’Hexagone ! Les projections démontrent en outre que les besoins en ressources humaines seront très importants dans les années à venir. D’ici à 2030, il faudra ainsi que s’installent, en exercice libéral, au moins 71 médecins généralistes, 51 spécialistes, 33 chirurgiens-dentistes, 13 sages-femmes et 162 infirmières. Et que dire des forts besoins en matière de périnatalité, du retard important dans l’accueil des adultes handicapés, des difficultés rencontrées par les jeunes en insertion pour se procurer les médicaments qui leur ont été prescrits ?
Il est plus que temps de mettre fin à cette crise permanente de l’offre de soins, car l’aide financière apportée par l’État n’effacera pas durablement le passif des hôpitaux de Cayenne, de Saint-Laurent-du-Maroni et de Kourou. Il faut des mesures d’urgence fortes et spécifiques. Cela pourrait passer par la création d’un nouveau CHU – cela est entériné –, le développement d’une coopération régionale pérenne et l’annulation de la dette des hôpitaux publics.
Monsieur le secrétaire d’État, envisagez-vous la mise en œuvre de ces mesures d’urgence ? Quelles dispositions concrètes le Gouvernement entend-il adopter pour remédier à cette situation catastrophique ? La Guyane est une terre de paradoxes, une terre des infinis : infiniment grande par sa capacité à permettre l’exploitation de l’espace, infiniment petite par son incapacité à lutter avec efficacité contre les petits virus pathogènes.