Madame la sénatrice, alors que le nombre de personnes contaminées par le VIH a tendance à baisser dans l’Hexagone, la Guyane reste le département le plus touché par ce virus. Parmi les patients suivis en 2018, 91 % étaient sous traitement antirétroviral, dont 94 % présentant une charge virale indétectable.
La principale difficulté rencontrée en Guyane reste le dépistage, à la fois insuffisant et trop tardif. Cette difficulté est liée, d’une part, à une densité encore trop faible de ressources humaines sur le territoire, et, d’autre part, au fait que les populations cibles sont particulièrement difficiles d’accès, en raison de l’immensité du territoire, du manque de voies d’accès et du caractère disséminé de l’habitat.
La politique de l’agence régionale de santé de Guyane consiste donc à promouvoir fortement le dépistage du VIH, à plusieurs titres. Elle vise ainsi à instaurer un dépistage répété régulièrement selon les populations considérées et les pratiques ; diversifié dans ses modalités pour correspondre aux besoins et aux conditions de vie des populations ; ciblé prioritairement sur l’épidémie cachée et les groupes particulièrement vulnérables qu’elle concerne ; accompagné et adapté aux diversités culturelles et linguistiques, en prenant notamment en compte l’analphabétisme important de certaines populations ; combiné avec celui d’autres pathologies ; enfin, au plus près des populations, selon le principe dit « d’aller vers » bien connu dans les domaines sanitaire et médico-social, avec des équipes mobiles de santé associées à des médiateurs culturels.
La stratégie de prise en charge évolue progressivement vers une autonomisation des patients.
Par ailleurs, la lutte contre le VIH est un volet important de la politique de coopération, notamment avec le Brésil à travers le programme « Oyapock coopération santé », qui a permis de renforcer l’offre de prévention et de réduire les risques de contamination : du côté guyanais, un traitement pré-exposition ou PrEP a été mis en place ; du côté brésilien, l’équipe française a soutenu la mise en place d’une offre similaire dans la ville brésilienne frontalière d’Oiapoque.
Enfin, l’expérimentation « Au labo sans ordonnance » porte sur le remboursement d’un examen de biologie médicale non prescrit, réalisé à la demande du patient. Il s’agit d’un remboursement dérogatoire qui a été accepté jusqu’à présent par deux caisses primaires d’assurance maladie volontaires, celles de Nice et de Paris. Il est en vigueur depuis le 1er juillet 2019. Nous attendons de connaître les résultats de cette expérimentation avant, éventuellement, de l’étendre à la Guyane, voire à d’autres territoires.