Intervention de Édouard Philippe

Réunion du 9 octobre 2019 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Attaque survenue à la préfecture de police de paris

Édouard Philippe :

… contre ce terrorisme qui, au nom du dévoiement d’une religion, entend remettre en cause ce que nous sommes et ce à quoi nous aspirons.

C’est la raison pour laquelle j’ai indiqué hier à l’Assemblée nationale – je le répète aujourd’hui devant le Sénat – que le Gouvernement ne se placerait jamais dans la position de dire que tel ou tel, à telle époque ou dans tel service, n’aurait pas été à la hauteur des enjeux.

Je veux le dire très simplement et très sincèrement : à partir de 2015, les gouvernements qui se sont succédé ont fait de leur mieux pour parer aux urgences les plus pressées et éviter dans la mesure du possible la commission de nouveaux attentats.

Même si on peut les critiquer politiquement, ce qui est bien légitime dans une démocratie, il faut affirmer clairement que, face à ces horreurs et à ces actes, ces gouvernements ont pris des décisions qui allaient toutes dans le bon sens – nous devons assumer cela et en être fiers collectivement. Je veux le dire très simplement, mais très sincèrement.

De la même façon, faire bloc ne signifie pas aller chercher telle ou telle responsabilité dans un bureau ou un autre.

Je ne veux pas procéder à l’enquête judiciaire – j’en suis incapable techniquement et juridiquement –, mais je sais que lorsque des signaux faibles, comme on dit, sont émis, c’est-à-dire des signaux qui ne se traduisent pas nécessairement par des signalements, il est difficile de les traiter. C’est vrai partout, que ce soit dans un service de renseignement, une collectivité territoriale, une administration ou une association.

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous connaissez tous cette difficulté de traiter ces signaux faibles et de prendre une décision lorsqu’ils surviennent.

Je ne veux donc pas pointer du doigt la responsabilité de ceux qui, s’étant posé des questions, auraient le cas échéant omis de transmettre cette information.

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, nous devons faire bloc avec les services de renseignement et les forces de l’ordre, qui remportent semaine après semaine des victoires face au terrorisme. Leurs victoires sont toujours discrètes, et parfois nous n’en parlons même pas, mais elles sont réelles, tandis que leurs échecs sont toujours spectaculaires et dramatiques.

Le Parlement a la responsabilité de poser des questions et le Gouvernement celle d’y répondre, mais nous pouvons collectivement être d’accord pour dire que faire bloc, c’est soutenir les forces de l’ordre et les services de renseignement, pas uniquement quand les choses se passent bien, mais aussi quand elles sont plus difficiles.

Faire bloc signifie également que nous devons prendre des mesures pour que, en cas de signaux faibles, une telle absence de signalement ne se reproduise pas.

C’est la raison pour laquelle j’ai saisi l’inspection des services de renseignement, pour déterminer exactement, parallèlement à l’enquête judiciaire, comment dans ce cas la chaîne « identification d’éventuels signaux faibles, signalements et actions » a pu être mise en œuvre au sein de la préfecture de police.

Parallèlement, j’ai demandé une revue générale des services de renseignement du premier cercle et d’une partie du deuxième, de façon que, en collaboration avec l’encadrement intermédiaire et au plus près de tous ceux qui travaillent dans ces services, nous soyons certains d’être en état d’identifier absolument tous les éventuels signaux faibles émis et qui ne se traduiraient pas par un signalement. Nous ne devons pas nous retrouver de nouveau dans la situation qui est peut-être à l’origine du drame que nous connaissons aujourd’hui.

Le Président de la République a eu hier, à la préfecture de police, des mots forts et justes. Il revient au Gouvernement et à l’ensemble de ceux qui contribuent à la sécurité de la Nation de les mettre en œuvre. C’est notre responsabilité !

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