Intervention de Amélie de Montchalin

Réunion du 9 octobre 2019 à 15h00
Politique migratoire de la france et de l'europe — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Amélie de Montchalin :

En France aussi, les flux peuvent reprendre. Notre pays enregistre d’ailleurs en 2018 une forte augmentation en volume de la demande d’asile – 22 % par rapport à l’année précédente –, alors que la tendance générale en Europe s’inscrit en baisse de 10 %. C’est une singularité française, de même que le fait qu’une part importante de ces demandes – un quart d’entre elles – émane de ressortissants de pays européens d’origine sûrs, comme l’Albanie ou la Géorgie.

Nous avons ensuite besoin de clarté sur nos valeurs, notre histoire et nos principes. Notre responsabilité, à cet égard, est de toujours rappeler ce que nous sommes et d’y rester fidèles.

La France ne saurait ainsi renoncer aux valeurs humanistes inscrites dans sa Constitution sans renoncer à elle-même. Alors que nous fêtions les soixante-dix ans du Conseil de l’Europe mardi dernier à Strasbourg, nous ne pouvons abandonner les principes auxquels notre pays a adhéré à titre individuel ou en tant que membre d’organisations internationales et européennes. Ces principes nous obligent.

Je veux rappeler aussi notre histoire d’ouverture : ceux qui pensent que la nation française s’est construite dans le repli ou le rejet de l’autre méconnaissent notre passé. Car le passé de la France, son identité ont été forgés par la contribution irremplaçable de celles et ceux qui sont venus d’ailleurs.

Nous avons enfin besoin de clarté sur ce que doivent être les grandes orientations de notre action. C’est un point essentiel.

Aujourd’hui, un constat s’impose : le système d’accueil et d’intégration que nous avons édifié pour que ces valeurs, ces principes et cet héritage ne restent pas lettre morte est mis à l’épreuve.

Il nous faut agir, maintenant. Agir pour conserver notre capacité à accueillir dans les meilleures conditions ceux qui ont droit à l’asile dans notre pays ; agir pour pouvoir continuer à intégrer à notre société ceux qui viennent d’obtenir la nationalité française ou un titre de séjour régulier ; surtout, agir en Europe.

Si nous n’agissons pas, nous risquons de voir l’espace Schengen imploser et l’Europe se défaire. Les Européens doivent avancer ensemble sur ce sujet sans attendre qu’une nouvelle crise se profile. Il ne peut y avoir parmi les États membres européens certains qui choisissent la résignation, d’autres qui choisissent l’indifférence.

Nous devons être capables de nous organiser pour faire preuve d’humanité à l’égard de ceux qui demandent protection et d’une absolue fermeté contre les trafiquants et les passeurs qui exploitent la détresse de ceux qui souffrent.

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