Intervention de Claude Malhuret

Réunion du 9 octobre 2019 à 15h00
Politique migratoire de la france et de l'europe — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

… un discours qui, au prétexte d’atténuer le déracinement des immigrés, conduit à les laisser à la discrétion de leur communauté ; un discours qui, au nom de la tolérance, renonce à les protéger contre les abus de la tradition dont ils relèvent.

C’est ainsi que la France est devenue un pays où montent chaque jour un peu plus le communautarisme et les discours anachroniques de l’indigénisme, de la racisation ou de l’islamo-gauchisme.

Le défi de l’intégration est immense, comme l’indiquent les sondages récents selon lesquels 27 % des musulmans pensent que la charia est supérieure aux lois de la République française. Mais ce chiffre montre aussi que la grande majorité d’entre eux pense le contraire. Et les très nombreux exemples chez les enfants et les petits-enfants d’immigrés aux parcours scolaires et professionnels réussis – chacun d’entre nous en connaît autour de lui – apportent un démenti aux victimocrates, qui expliquent l’échec de l’intégration par les obstacles rencontrés.

Un démenti est encore plus éclatant : celui des centaines de milliers de boat people asiatiques, arrivés eux aussi dans les années quatre-vingt, sans connaître un mot de notre langue. Dès la deuxième génération, ils ont atteint le niveau moyen d’études et de revenu des Français. Leur chance, si l’on peut dire, c’est que notre modèle, ils en avaient rêvé pendant des années, contre la tyrannie qu’ils fuyaient par tous les moyens, comme ils me le disaient lorsque, président de Médecins sans frontières, je travaillais dans les camps de réfugiés du Vietnam, du Cambodge et du Laos. Ils ne sont pas prêts à gober le discours doloriste, qui coupe les ailes en justifiant tous les échecs par l’excuse de la condition sociale.

Monsieur le Premier ministre, voilà les défis qui vous attendent : on ne peut que vous souhaiter de les relever, parce que si, au bout de quarante ans, vous échouiez à votre tour, les Français pourraient bien s’en remettre, pour les régler, aux rhinocéros à la vue basse.

J’évoquerai une dernière question. Les vagues d’immigration du début du XXe siècle concernaient des arrivants aux cultures proches des nôtres. Mais si, à l’époque, ces derniers ont été assimilés rapidement, c’est aussi parce que la France était sûre de son modèle républicain, de sa conception de la laïcité, de sa façon de vivre ensemble et de sa place dans le monde.

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