Il faut donc des lois, nous avons présenté des textes, et il faut les appliquer. Je ne dresserai pas ici la liste de toutes nos propositions, mais, par exemple, les étrangers qui commettent des actes de délinquance graves et qui sont condamnés doivent encourir une peine complémentaire à l’expulsion. Il faut également consacrer des moyens aux expulsions.
Nous avons fait ces propositions et nous les tenons à votre disposition ; nous sommes prêts à les voter de nouveau, dès que vous le voudrez, dès l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale ou du projet de loi de finances, si vous le souhaitez.
Je termine par la composante la plus importante : les valeurs républicaines. Aujourd’hui, les Français ont le sentiment qu’une immigration non maîtrisée provoque une insécurité culturelle en ébranlant notre modèle culturel. Il y a trois semaines, une grande enquête annuelle sur les fractures françaises montrait que 64 % des Français considéraient que « l’on ne se sent plus chez soi comme avant ». On peut le déplorer, on peut s’indigner, mais c’est un chiffre qui nous appelle à réagir.
Le problème, c’est que nous avons renoncé à assimiler et que nous ne parvenons pas à intégrer dans une logique républicaine de la citoyenneté, avec les droits et les devoirs assumés par les uns et par les autres. C’est évidemment un échec, que nous devons regarder en face.
Monsieur le Premier ministre, de ce point de vue, nous devons agir sans que notre bras tremble. Il y a deux modèles : le premier, c’est le multiculturalisme, un modèle centrifuge qui divise et qui dresse les communautés les unes contre les autres ; le second, c’est le modèle républicain appuyé sur la citoyenneté. Nous devons relever ce défi, parce que nous avons trop reculé, sur la laïcité, par exemple. Monsieur le Premier ministre, avez-vous renoncé à modifier la loi 1905 ?
Nous devons tenir coûte que coûte et l’on voit bien que l’attentat à la préfecture de police nous appelle à cette résistance, chaque jour.
Nous avons reculé sur l’assimilation. Regardons les choses en face : les valeurs républicaines d’égalité, de liberté, de laïcité, de fraternité civique, on les assimile, on ne les intègre pas.
Comme disait Dominique Schnapper, que personne n’accusera d’extrémisme, on a oublié que l’assimilation, laquelle, certes, représentait parfois une contrainte, portait aussi une promesse généreuse de devenir complètement français.
Mes chers collègues, relevons la tête, soyons fiers de nos convictions, ne cédons rien, parce que les Français nous le reprocheraient.
Oui, la générosité fait partie du patrimoine, de l’héritage français, mais encore faut-il avoir quelque chose à donner, une histoire à offrir, des valeurs communes à partager, un pays à aimer. Rien ne serait pire, parce qu’il serait inhumain, qu’un monde sans frontières, où, de déracinements en affrontements, on dresserait les populations les unes contre les autres.
Monsieur le Premier ministre, si vous souhaitez que ce débat ne soit pas seulement un signe d’habileté politique, agissez, prenez des décisions ! D’autres pays européens l’ont fait, vous pouvez le faire. À défaut, vous ajouterez beaucoup de défiance à la désespérance !