Il existe une dynamique dans les établissements d'enseignement supérieur. Aujourd'hui, nous ne sommes pas en mesure de dire si elle est suffisante pour répondre aux besoins des entreprises ou à ceux à venir de l'intelligence artificielle. Cela fait partie des actions qui restent à construire, à la fois pour suivre le nombre d'étudiants, ce qui n'est pas du tout facile, notamment en raison de l'autonomie des universités, et, ensuite, pour établir des actions de développement. Mon rôle étant de lancer des actions interministérielles, c'est l'un des axes prioritaires de mon action. Il s'agit d'évaluer si l'on peut faire plus en termes de formation, et de soutenir des actions supplémentaires. C'est toute la difficulté de l'exercice. Par exemple, lors d'un récent appel aux écoles universitaires de recherche sans lien avec l'intelligence artificielle, neuf d'entre elles indiquaient clairement que cette dernière faisait partie de leurs sujets. Ce constat confirme que les universités continuent à progresser dans ce domaine. Nous devons dresser un bilan pour savoir s'il faut aller plus loin, ou construire un outil de suivi plus systématique. C'est le premier point du côté de la formation initiale.
Pour la formation continue, le constat est un peu le même. Une partie du sujet consiste à répondre aux besoins des entreprises. Cela passe par la requalification de salariés existants, notamment de ceux ayant un niveau scientifique élevé, de type master. Qu'ils soient titulaires d'un master en physique, en mécanique, ou en chimie, ils ont les bases scientifiques pour pouvoir, en six mois ou un an, utiliser les données et peut-être des algorithmes de machine learning dans leur contexte métier. Il faut nous atteler à ce sujet. L'écosystème est très éclaté. Nous regardons avec intérêt des initiatives comme la formation Elements of AI, en Finlande. Aujourd'hui, nous n'avons pas encore mis en oeuvre cette possibilité, mais cela fait partie des travaux préparatoires qui sont conduits.
Concernant le thème de l'environnement, nous avons décliné les quatre thèmes prioritaires du rapport - santé, environnement, transport et mobilité, ainsi que défense et sécurité - en un certain nombre d'actions. Ainsi, nous avons demandé aux quatre instituts 3IA de se positionner sur chacun de ces quatre thèmes prioritaires. De ce fait, les thèmes de la santé, de la mobilité et de l'environnement sont ou seront couverts par une partie des chaires de ces instituts. Le sujet de la défense n'a pas été retenu par ceux qui ont été sélectionnés, ce qui a conduit le ministère des Armées à renforcer ses collaborations, par exemple justement avec Saclay, afin de soutenir des chaires complémentaires dans le domaine de la défense.
Sur ce point, nous sommes également dans une phase de diagnostic et de définition des actions. Si je prends l'exemple de la formation, une fois l'objectif de doubler le nombre d'étudiants en intelligence artificielle défini, nous engageons un travail préparatoire avec les administrations concernées, pour décider comment les dénombrer, et définir les actions pertinentes.
Pour l'environnement, nous en sommes au même stade. Des actions sont engagées. Par exemple, l'intelligence artificielle est utilisée pour des calculs sur l'artificialisation des sols. La stratégie de données du ministère de l'environnement existe, mais n'a pas encore été présentée, globalement ou pour les deux aspects mentionnés : la façon dont l'intelligence artificielle peut aider le contrôle environnemental, avec des actions très spécifiques notamment dans la sphère de l'action publique, et la façon de limiter les effets négatifs de la consommation énergétique de l'intelligence artificielle, sujet d'importance croissante d'un point de vue scientifique.
Ces aspects font partie des chantiers restant à traiter. L'appel à projets de la direction générale des entreprises (DGE) pour la mutualisation de données va lui aussi prioriser ces quatre thèmes. Dans les secteurs stratégiques pour les usages de l'intelligence artificielle, nous nous focalisons à nouveau sur les secteurs stratégiques cités dans le rapport de Cédric Villani : santé, environnement, transport et mobilité, ainsi que défense et sécurité. Mon rôle consiste pour partie à m'assurer que nous restons alignés sur ces quatre secteurs prioritaires lorsque des instruments sont mis en place dans un ministère, ce qui ne veut pas dire qu'il ne se passe rien par exemple dans le domaine de la finance.