Monsieur le président Longuet, le problème que vous soulevez est bien réel.
L’université s’est construite en Europe sur les principes de la liberté de conscience et de la liberté d’expression, qui, d’une certaine façon, portent notre civilisation depuis son origine. Au fondement de l’humanisme qui la caractérise, il y a la liberté d’expression.
Ce qui s’est passé à Bordeaux et à Paris est absolument inacceptable et doit d’autant plus nous alerter que ce mouvement n’est pas spécifiquement français. Nous assistons à l’émergence d’un nouveau maccarthysme, qui entend s’attaquer à la liberté d’expression.
Chacun sait que ce que veut défendre Mme Agacinski ne correspond pas aux positions du Gouvernement. Mais c’est notre honneur, comme l’a fait Marlène Schiappa, que de s’inscrire dans la lignée de Voltaire et de dire que, si nous ne sommes pas d’accord avec Mme Agacinski, nous sommes prêts à nous battre pour qu’elle puisse s’exprimer.
Il est triste que la jeunesse soit parfois enrôlée dans des manifestations d’intolérance visant à empêcher le déroulement d’une intervention de ce genre.
Par ailleurs, les présidents d’universités prennent des décisions en vertu du principe de l’autonomie des universités, qui est gravé dans nos traditions. Il n’appartient pas à la ministre de l’enseignement supérieur – je m’exprime en son nom et vous prie de bien vouloir excuser son absence, puisqu’elle assiste, avec le Président de la République, à un congrès sur l’intelligence artificielle –, de prendre directement ces décisions, qui relèvent des présidents d’universités.
Il n’en demeure pas moins qu’il est en effet de notre rôle – c’est ce que fait l’ensemble du Gouvernement – de condamner ce qui s’est passé dans les deux cas.
S’agissant du report du séminaire prévu à Paris I-Sorbonne, nous déplorons ce qui s’est passé. Il est tout à fait anormal d’intimider M. Mohamed Sifaoui, qui se bat courageusement contre la radicalisation et qui avait monté ce séminaire de concert avec le Conseil français du culte musulman, le CFCM, une organisation qui ne saurait en aucun cas être considérée comme extrémiste.
Bien entendu, nous suivrons cette affaire, parce qu’il n’est pas normal d’en rester là. Il ne peut y avoir de victoire de ceux qui sont les ennemis de la liberté !