Monsieur le sénateur, vous avez raison de souligner l’importance des enjeux pour la sidérurgie, qui doit devenir un acteur du développement durable ; si la France est capable de proposer des solutions en la matière, elle pourra regagner des parts de marché et, en effet, augmenter sa compétitivité.
Je tiens à le rappeler, la sidérurgie française est présente sur les aciers les plus modernes à valeur ajoutée à la fois par sa filière des hauts-fourneaux, avec des aciers techniques pour l’automobile, comme Usibor d’ArcelorMittal, par des aciéries électriques très haut de gamme sur les superalliages et les alliages de titane mis en œuvre par Aubert et Duval, ainsi que par des inox et des produits très spécialisés, comme les aciers à grains orientés par les transformateurs.
Vous mettez l’accent sur les choix de technologie du type aciérie électrique, sur lesquels on doit notamment tenir compte des investissements passés, de la base industrielle installée, des ressources et de l’évolution de la demande. La décarbonation de la production d’acier dans les hauts-fourneaux réduira à terme très fortement leur émission. C’est une première réponse. De nombreux projets de R&D sont déjà engagés pour cela, car la filière fonte restera essentielle dans l’offre d’acier des prochaines années eu égard aux projections de la demande.
La filière électrique est cependant une technologie moderne également majeure. Elle dispose de caractéristiques qui devraient lui permettre de soutenir un développement concurrentiel, une plus faible intensité capitalistique, la flexibilité, l’adaptation à cette spécialité.
À court terme, elle est handicapée, car sa caractéristique essentielle – elle est faiblement émettrice de CO2 – n’est pas « récompensée » par un prix du carbone à la hauteur des diminutions d’émissions de gaz carbonique qu’elle permet.
C’est pour cela que nous travaillons auprès de la Commission européenne, notamment sur un mécanisme d’inclusion carbone aux frontières de l’Union européenne. Dans le cadre du pacte productif, nous regardons également comment redonner sa compétitivité à ce type de filière. C’est également pour cette raison que nous nous sommes battus pour maintenir une telle facilité s’agissant d’une aciérie comme Ascoval, en nous disant que l’histoire nous donnerait raison.