Intervention de Jean-Claude Tissot

Réunion du 30 octobre 2019 à 15h00
Donner des armes à l'acier français accompagner la mutation d'une filière stratégique — Débat interactif

Photo de Jean-Claude TissotJean-Claude Tissot :

Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ces dernières années, la filière sidérurgique française est devenue le symbole du déclin de l’industrie dans notre pays. Les fermetures successives de sites et les destructions massives d’emplois sont presque une fatalité.

De ce point de vue, les travaux de notre mission d’information ont permis d’apporter un autre éclairage, d’abord en rappelant que l’acier est essentiel à notre économie, en particulier à des filières comme celles du bâtiment, des transports ou même des énergies renouvelables, ensuite en cherchant à analyser les grandes mutations en cours pour mieux préparer l’avenir, plutôt que de revenir sur les erreurs du passé.

Afin de construire un avenir durable pour le secteur sidérurgique, je retiendrai qu’un engagement fort de l’État sera nécessaire pour soutenir ce dernier et pallier les défaillances du marché, à travers une politique industrielle à la hauteur des enjeux.

Cet engagement de l’État doit avant tout permettre à notre filière sidérurgique de s’inscrire résolument dans la transition énergétique.

Avec 19 millions de tonnes de carbone produites chaque année, la sidérurgie représente 4 % des émissions de carbone nationales. Aussi, l’un des grands défis qu’il faudra relever est celui de la décarbonation.

Pour cela, il faudra « mettre le paquet » sur la recherche, mais aussi être vigilant sur les fuites de technologie. Ainsi, nous proposons qu’une recherche financée sur fonds publics soit exploitée sur le territoire européen pendant au moins cinq ans.

Nous formulons également plusieurs propositions, afin de développer le recyclage et l’écoconception. Outre la contribution au nécessaire développement de l’économie circulaire, le recyclage de l’acier répond à plusieurs impératifs.

En l’absence d’une vraie stratégie d’approvisionnement durable et responsable, notre production d’acier reste dépendante de matières premières non disponibles sur notre territoire national. L’exploitation de certaines d’entre elles pose de lourds problèmes environnementaux, voire éthiques : je pense notamment au cobalt.

Enfin, nous nous devons d’anticiper la croissance des besoins dans le secteur des énergies renouvelables.

Lorsque nous avons auditionné le directeur de Siemens Gamesa, je lui ai demandé s’il achetait en France l’acier utilisé pour la fabrication d’éoliennes. Il m’a répondu qu’il faudrait pour cela qu’il y ait sur notre territoire « un fournisseur qui a les capacités industrielles pour continuer à accompagner la croissance de ce marché. »

Aussi, madame la secrétaire d’État, dans quelle mesure entendez-vous suivre les préconisations de notre mission d’information pour relever ces grands défis ?

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