Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, la France est confrontée à un double enjeu en matière de sidérurgie : la lutte conte le décrochage industriel et la préservation de la souveraineté nationale.
D’une part, les emplois de la filière sidérurgique sont menacés ; d’autre part, la souveraineté industrielle est remise en question de manière générale en France.
Se pose aujourd’hui la question du choix stratégique de notre pays dans ce domaine.
Comme le rappelle le rapport de la mission d’information sur les enjeux de la filière sidérurgique dans la France du XXIe siècle, cette filière emploie encore 38 000 personnes sur le territoire français.
En 1954, les quatre plus grandes sociétés sidérurgiques françaises représentaient environ 50 % de la production nationale. En 2019, près des deux tiers de l’acier produit sur le sol français est issu des usines du seul groupe ArcelorMittal.
De fait, plus qu’un marché français, il apparaît évident que la filière sidérurgique en France fait partie d’un marché plus extensif et que, comme le souligne le président de l’UIMM, l’Union des industries métallurgiques et minières, président d’ArcelorMittal France, nous sommes dans un marché européen, l’Europe jouant elle-même dans un marché mondial.
En termes d’emplois et de production, deux tendances sont à relever. Premièrement, ArcelorMittal représente près d’un tiers des 38 000 emplois sidérurgiques. Deuxièmement, la production sidérurgique française est en déclin. La France se classe désormais au quinzième rang mondial pour la production globale, et la chute se poursuit.
Il reste actuellement 8 hauts-fourneaux actifs en France, alors que l’on en comptait 152 en 1954.
Comme le rappelle le rapport, les conséquences sociales et économiques de ce déclin ont été pesantes pour les principaux bassins sidérurgiques français, à savoir le Grand Est et les Hauts-de-France.
Ainsi, le nombre d’emplois dans la filière sidérurgique, qui s’est réduit de 20 % au cours des dix dernières années, continue à baisser, tandis que la reconversion des bassins pose de nombreux défis aux acteurs locaux.
On remarque effectivement le besoin français et européen d’avoir une filière sidérurgique, notamment en termes d’emplois et de souveraineté.
La France pourrait prendre des initiatives à l’échelle de l’Europe pour mettre en place les conditions du maintien d’une filière sidérurgique, en commençant par mener une réflexion nationale.
Madame la secrétaire d’État, faut-il spécialiser nos hauts-fourneaux pour qu’ils soient rentables dans le futur ? Est-il nécessaire de maintenir une filière active et croissante sur le modèle d’autres pays européens ? Au contraire, est-ce un effort que la France ne peut ni ne doit supporter seule ?