Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je remercie le groupe CRCE d’avoir demandé un débat sur un sujet aussi important que l’avenir de l’enseignement agricole.
L’enseignement agricole présente plusieurs particularités, dont celle de former nos futurs agriculteurs. Plus largement, il propose de très nombreuses spécialités permettant d’acquérir des diplômes allant du CAP au diplôme d’ingénieur en passant par le baccalauréat professionnel, le baccalauréat général et le BTS.
Reste que, lorsqu’on considère l’enseignement agricole, ce ne sont pas les formations dispensées qui paraissent faire la plus grande différence avec l’éducation nationale ; c’est plutôt le modèle d’organisation de cet enseignement. L’internat, par exemple, y est fortement développé. Facteur de brassage social, il est propice à l’étude, mais aussi à la camaraderie : des liens s’y tissent qui créent une complicité au long cours pour les élèves. Je pense aussi aux professeurs qui passent leurs semaines à l’école, à la disposition des élèves.
Les maisons familiales rurales sont une autre forme de cet enseignement, permettant à des élèves qui ne se sentent pas à leur place dans l’enseignement général ou dans l’éducation nationale de se retrouver pour ainsi dire en famille, encadrés, guidés, accompagnés vers la réussite. Malheureusement, le critère d’âge des stages dans l’enseignement professionnel limite aux enfants de plus de 14 ans l’accès à ces maisons, alors que celles-ci disposent de classes de quatrième où des enfants pourraient entrer dès 13 ans ; ceux qui n’y ont pas accès à quelques mois près sont renvoyés à leur échec scolaire, en attendant d’avoir l’âge de s’en sortir…
Autant de raisons qui rendent cet enseignement indispensable pour la diversité des modes d’enseignement et la réussite du plus grand nombre de nos jeunes.
Seulement voilà : la réussite de cet enseignement, si elle n’est pas limitée aux secteurs ruraux, y est tout de même concentrée. Or c’est là que le bât risque de blesser dans la filière de l’apprentissage.
En effet, les régions contribuaient souvent, dans le cadre de l’aménagement du territoire, à faire vivre de petits centres de formation d’apprentis, loin des centres urbains. Elles vont continuer à aider, certes, mais rarement au même niveau qu’avant. C’est ainsi que le centre de formation d’apprentis de Champignelles, dans l’Yonne, que Noëlle Rauscent, ici présente, connaît bien, devrait fermer ses portes prochainement. D’autant que ce centre doit affronter une autre difficulté : il ne trouvera bientôt plus d’apprentis dans nos communes, celles-ci devant financer 50 % du coût de la formation depuis le retrait de la compétence aux régions.
La réussite de cet enseignement tient aussi à la qualité des enseignants. Or, notamment dans le secteur privé de l’enseignement agricole, vous vous étiez engagé, monsieur le ministre, à revaloriser la grille indiciaire des enseignants agents de catégorie 3 et à ouvrir plus largement le concours. Pourtant, rien n’est prévu dans le projet de loi de finances pour 2020 pour une telle revalorisation, et seuls cinquante nouveaux postes sont ouverts au concours.
Oui, l’enseignement agricole est inventif, cultive l’esprit d’équipe et représente une force de renouvellement. Je ne doute pas que, avec ces atouts, ses acteurs sauront faire face aux bouleversements en cours. Mais cela ne se fera pas sans votre aide, monsieur le ministre. Votre soutien est indispensable, car l’avenir de l’enseignement agricole, c’est la réussite et l’avenir de nos enfants !