Intervention de Marie-Christine Chauvin

Réunion du 30 octobre 2019 à 15h00
Quel avenir pour l'enseignement agricole — Débat organisé à la demande du groupe communiste républicain citoyen et écologiste

Photo de Marie-Christine ChauvinMarie-Christine Chauvin :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, créé à l’origine pour former les agriculteurs, l’enseignement agricole a su évoluer et s’adapter aux besoins de la société. Les missions qui lui sont confiées en font un enseignement actif, réactif, innovant et ouvert. Il s’agit d’un précieux partenaire des acteurs des territoires.

Pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain, il conviendra de porter un regard particulier sur l’innovation tant pédagogique que technologique et sur l’expérimentation.

Les outils pédagogiques grandeur nature que sont les fermes et les ateliers technologiques des établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles devront bénéficier des dernières technologies dans leur domaine d’activité et ainsi constituer une référence pour les apprenants et les professionnels.

Des moyens humains supplémentaires doivent permettre aux exploitations et aux ateliers de mener leur mission d’expérimentation sans risquer de compromettre leurs résultats et, donc, l’équilibre financier auquel ils sont soumis.

L’enseignement agricole constitue un réseau cohérent d’établissements, qui est structurant pour les territoires. Le département du Jura est un bon reflet de ce maillage territorial, avec notamment le réseau des maisons familiales rurales et les établissements de Doucier, de Salins-les-Bains et d’Amange.

L’établissement d’Amange conduit des formations agricoles par alternance et par apprentissage. Il a vu ses effectifs légèrement augmenter grâce au regain d’intérêt de jeunes qui ne sont pas issus du milieu agricole : ces derniers constituent environ 60 % du total des élèves, soit une proportion importante.

Il faudrait réfléchir à la possibilité de confier aux maisons familiales rurales, les MFR, la mission de prendre en charge, au sein de leurs structures, les jeunes de moins de quatorze ans qui s’écartent du milieu scolaire traditionnel. Je vous ai d’ailleurs écrit à ce sujet, monsieur le ministre.

L’enseignement public agricole rayonne également grâce au lycée de Montmorot, axé sur la production agricole, celui de Mancy, centré sur la filière équine, et l’École nationale d’industrie laitière et des biotechnologies – l’Enilbio – à Poligny, qui développe l’apprentissage pour tous les niveaux de formation, de recherche, de production, et la vente directe de produits transformés. Il n’y a que cinq Enilbio en France, dont deux se situent en Franche-Comté.

Beaucoup de ces formations, qui vont du CAP au bac pro, au BTSA et aux diplômes d’ingénieur, se font en apprentissage. C’est pour l’avenir une voie en plein essor. Celle-ci permet aux jeunes d’avoir une connaissance de l’univers professionnel qui débouche sur un diplôme reconnu. Les jeunes issus de ces formations trouvent ensuite facilement un emploi, car ils sont immédiatement opérationnels.

Plusieurs défis sont devant nous : l’évolution des activités traditionnelles, l’apparition de nouveaux usages dans la gestion de l’espace et des ressources, ou l’adaptation au changement climatique.

Une évidence saute ici yeux, l’enseignement agricole devra prendre en compte le développement des métiers verts et intégrer le thème de l’environnement dans ses formations initiales.

Nos agriculteurs sont et devront plus que jamais être compétitifs, efficaces, savoir anticiper et gérer les risques, inventer de nouveaux services, répondre aux défis environnementaux, tout en alliant performance économique, environnementale et sociale, et garder les territoires ruraux attractifs. Autant d’enjeux qui devront être pris en compte dans l’enseignement agricole de demain.

Cet enseignement agricole mène à de nombreux autres métiers très diversifiés qui sont à la croisée de l’agriculture, du numérique et de l’industrie, et qui répondent à la révolution du monde agricole qui est en train de s’accomplir.

Monsieur le ministre, compte tenu de ces éléments, quels mécanismes de soutien et de diffusion de l’information pourriez-vous mettre en œuvre, afin de favoriser une meilleure communication autour de la modernité et de la technicité des métiers auxquels l’enseignement agricole prépare ces étudiants ?

Le public intéressé par ces formations – nous l’avons vu avec les MFR – est en train de changer. De plus en plus de jeunes qui ne sont pas issus du milieu agricole intègrent cet enseignement. Il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle.

Toutefois, une exploitation agricole est une entreprise. Pour la diriger, il faut être à la fois un bon technicien et un parfait gestionnaire. Je pense que l’enseignement agricole doit également développer un volet « gestion et conduite d’une entreprise ».

Monsieur le ministre, vous avez fait de l’enseignement agricole une priorité et affirmé vouloir recruter 200 000 élèves et apprentis contre environ 160 000 aujourd’hui. Comment parviendrez-vous à concilier cet objectif avec la politique gouvernementale de suppression d’un certain nombre d’emplois dans l’enseignement public ?

Pour que l’enseignement agricole se projette sereinement, il lui faut des moyens humains et financiers. J’en suis persuadée, comme bon nombre d’entre nous, la formation agricole reste un bon moyen d’intégrer la vie active : on y apprend le goût de l’effort et la persévérance. Gageons que les moyens nécessaires à ces objectifs soient pérennisés pour l’avenir !

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