Intervention de Rachid Temal

Réunion du 30 octobre 2019 à 15h00
Violations des droits humains au venezuela — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Rachid TemalRachid Temal :

Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, afin d’appréhender comme il se doit la proposition de résolution qui nous est soumise, il me semble essentiel d’évoquer le contexte dans lequel elle s’inscrit.

La crise que connaît le Venezuela a éclaté il y a maintenant six ans, avec la mort d’Hugo Chávez et la désignation de son successeur Nicolás Maduro. La contestation de la légitimité de cet héritier a pris une dimension supplémentaire en 2015, lorsque l’opposition a remporté les élections législatives. Elle a conduit à un démantèlement des contre-pouvoirs et à une remise en cause de l’État de droit.

Le 23 janvier 2019, Juan Guaidó, président d’une Assemblée nationale vidée de ses pouvoirs et prérogatives, s’est autoproclamé président par intérim. Il a été reconnu par de nombreux États – les précédents orateurs l’ont rappelé.

La situation que vit le Venezuela depuis de nombreuses années a entraîné une crise humanitaire sans précédent pour le pays et une violation massive des droits de l’homme. La population vénézuélienne est la première victime de cette crise, dont elle constitue l’otage.

Au sein du pays, la situation sanitaire est alarmante. Selon un rapport du HCR, entre novembre 2018 et février 2019, on a compté 1 557 personnes décédées en raison de l’approvisionnement défectueux des hôpitaux. Plusieurs d’entre nous ont également rappelé ce chiffre : au total, 95 % de la population du Venezuela vit sous le seuil de pauvreté. Et pourtant, le pays était si riche !

Je le répète, à la question humanitaire s’est ajoutée la violation des droits de l’homme. Des députés de l’opposition sont poursuivis malgré leur immunité parlementaire, contraints de fuir ou de se réfugier dans des ambassades étrangères. Les manifestations sont réprimées brutalement : chacun a pu le constater.

Selon le rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme du 4 juillet 2019, 793 personnes sont arbitrairement privées de leur liberté, et 66 autres seraient décédées lors des manifestations qui se tiennent depuis janvier 2019. Le gouvernement vénézuélien lui-même – j’y insiste – avance le chiffre de 1 500 personnes tuées au cours « d’opérations de sécurité ».

Mes chers collègues, comment réagir à cette crise ?

Il y a, d’un côté, l’option américaine : celle des sanctions, sans cesse durcies, qui – il faut le dire – ont encore aggravé la situation humanitaire et sanitaire du peuple vénézuélien. Elles ont notamment été amplifiées par Donald Trump, qui, il y a quelque temps encore, n’excluait pas une intervention militaire au Venezuela. Ce choix reposait sur un pari simple : miser sur le renversement du président Maduro par une population le considérant comme responsable de sa situation économique et sociale. Mais le pari semble perdu : le régime Maduro reste en place. Il dispose encore du soutien de l’armée et – d’autres l’ont dit avant moi – de certaines puissances internationales.

Il y a, de l’autre côté, le choix des Européens : celui de l’aide humanitaire, nécessaire au Venezuela comme en dehors de ses frontières, et de la tenue d’élections démocratiques, conformément à l’État de droit.

À mon sens, il s’agit là des premiers objectifs à atteindre. À cette fin, l’Union européenne a constitué un groupe international de contact qui, en mai dernier, a mené plusieurs rencontres avec des représentants du Gouvernement et de l’opposition. À la fin de ce même mois, d’autres discussions ont eu lieu en Norvège ; la médiation a été organisée par le pays hôte.

Au moment où j’évoque les différentes réactions de la communauté internationale, je me permets une incise. Nous devons éviter toute vision en noir et blanc. Certes, nous sommes face à un régime qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête internationale pour violation des droits humains et fait fi des règles élémentaires de tout État de droit, de toute démocratie : il doit être condamné, et nous le condamnons.

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