Intervention de Rachid Temal

Réunion du 30 octobre 2019 à 15h00
Violations des droits humains au venezuela — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Rachid TemalRachid Temal :

À mon sens, il convient de clarifier l’ensemble de ces questions : il y va de la démocratie et du sort du peuple vénézuélien.

Cela étant, au sein de notre groupe, nous refusons fermement de tout confondre, en mettant sur le même plan M. Maduro et M. Guaidó : je tiens également à le préciser.

Tel est donc le contexte dans lequel s’inscrit cette proposition de résolution. Ce texte a été déposé par M. Cadic au mois de juillet dernier et, depuis lors, la situation a continué à évoluer ; les uns et les autres l’ont indiqué. L’Union européenne a adopté, à l’encontre de membres des forces de sécurité et de renseignement vénézuéliennes, de nouvelles sanctions comprenant l’interdiction de pénétrer sur le territoire de l’Union européenne et un gel des avoirs.

Plusieurs tentatives de dialogue politique ont été engagées entre les différentes parties : l’Union européenne doit faire son devoir pour que nous aboutissions à une solution politique, à une sortie de crise pacifique.

En parallèle, au sein de l’ONU, la haut-commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, dont chacun connaît le parcours personnel et politique – on ne peut pas, à mon sens, la soupçonner de parti pris –, a remis un rapport sans concession sur l’état des droits humains au Venezuela. Ce document vient conforter les autres rapports qui décrivent un État défaillant, le pouvoir vénézuélien poursuivant une stratégie « visant à neutraliser, réprimer et incriminer les opposants politiques et les personnes critiquant le gouvernement ».

Sur cette base, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a décidé, le 27 septembre dernier, l’ouverture d’une enquête par une mission internationale indépendante sur les violations des droits humains au Venezuela depuis 2014. Cette demande avait été formulée, dès 2018, par cinq États d’Amérique latine et par le Canada.

Enfin, en totale contradiction avec cette décision, le Venezuela a obtenu suffisamment de voix pour siéger au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour la période 2020-2022 : une telle décision est totalement surréaliste !

Mes chers collègues, les membres de notre groupe voteront cette proposition de résolution ; mais, à nos yeux, elle présente certaines lacunes. Il faudrait réaffirmer quelle est notre boussole : dans chaque situation comparable, nous devons exprimer un soutien indéfectible au droit de chaque peuple à choisir librement et démocratiquement son destin ; nous devons également rappeler la nécessité d’apporter une aide aux populations concernées.

Ainsi, nous aurions voulu ajouter trois éléments qui nous semblent fondamentaux.

Tout d’abord, il aurait fallu affirmer le soutien de la France à tout processus visant à ce que des élections libres et transparentes soient organisées dans les plus brefs délais au Venezuela, dans le cadre d’un État de droit. Cette proposition de résolution n’en aurait été que plus étoffée.

Ensuite, il aurait fallu souligner notre soutien à tout processus de médiation : il importe également de proposer une méthode pour sortir de la crise politique que connaît le Venezuela et, ainsi, de donner de l’espoir.

Enfin, il aurait fallu rappeler l’engagement de la France pour un soutien humanitaire aux populations, que ce soit au Venezuela ou en dehors de ses frontières. Plusieurs millions de personnes sont concernées, et la quasi-totalité des habitants du pays vivent sous le seuil de pauvreté. Or la situation peut encore empirer, et la population vénézuélienne perdrait alors toute espérance.

Malgré ces trois lacunes, nous espérons que cette proposition de résolution rassemblera tous les membres de la Haute Assemblée !

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