Intervention de Bernard Cazeau

Réunion du 30 octobre 2019 à 15h00
Violations des droits humains au venezuela — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Bernard CazeauBernard Cazeau :

Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, le Venezuela est, depuis six ans, le théâtre d’une crise économique effroyable, d’un désastre humanitaire et de troubles politiques assortis de violations massives des droits humains, responsables d’une migration sans précédent.

Tout d’abord, le pays subit une crise économique effroyable. Avec une diminution de la production de pétrole de l’ordre de 40 % en 2018, l’effondrement de la rente pétrolière a entraîné une hyperinflation parmi les plus fortes des dernières décennies : elle devrait dépasser les 8 000 000 % en 2019 !

Ensuite, le Venezuela est placé dans l’urgence humanitaire et sociale : pénurie de nourriture et de médicaments ; coupures d’électricité répétées ; perturbations dans l’approvisionnement de l’eau ; effondrement du système de santé. En tout, 3, 7 millions de Vénézuéliens souffrent de malnutrition et 300 000 d’entre eux sont en danger par manque de médicaments. D’ailleurs, cette situation a entraîné le décès de plusieurs milliers de malades, notamment parmi les plus fragiles – enfants, personnes âgées et femmes enceintes.

Enfin, le pays affronte l’une des pires crises politiques et migratoires que l’on connaisse à l’échelle mondiale. Depuis 2016, on décompte 18 000 personnes décédées lors d’affrontements avec la force publique. Plus de 4 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays et, à l’intérieur, l’exode provoqué par l’insécurité et les déplacements forcés de population est encore plus massif.

De nombreux témoignages ont permis d’établir qu’une grande majorité de ces violences est le fait des forces de sécurité fidèles au président déchu. Les opposants politiques sont, eux aussi, la cible d’attaques en règle, menées au mépris des immunités parlementaires. Les auteurs de ces violences et attaques jouissent d’une impunité totale : à ce jour, aucune enquête judiciaire sérieuse n’a été diligentée.

Aussi, la démocratie et l’État de droit ne seront possibles au Venezuela que si l’on arrive à une solution politique du conflit. Celle-ci passe par un dialogue, selon des règles clairement établies, intégrant tous les courants politiques, notamment ceux qui rejettent la violence. Or Nicolás Maduro est décidé à gouverner seul. Différents subterfuges ont été employés, dont le plus significatif est la mise en œuvre inconstitutionnelle d’une assemblée constituante de citoyens. Cette dernière tactique avait pour seul but de déposséder de son pouvoir législatif le Parlement, alors dominé par l’opposition.

C’est dans ce contexte, en dehors du cadre constitutionnel, que s’est déroulée l’élection présidentielle de 2018, boycottée par l’opposition et dont Nicolás Maduro se prévaut. Dès lors, en l’absence de président légalement élu et conformément à la Constitution vénézuélienne, il est revenu au président de l’Assemblée nationale, Juan Guaidó, d’assurer les fonctions de président par intérim à titre provisoire, le temps que des élections libres et démocratiques soient organisées dans un délai de trente jours.

La France, les États-Unis et une partie de la communauté internationale n’ont fait que reconnaître une situation qui a découlé de l’application même de la Constitution du Venezuela. Nous n’avons fait que reconnaître la volonté du peuple vénézuélien telle qu’elle est exprimée dans sa loi fondamentale.

Jouant, depuis lors, sur les divisions partisanes, les héritiers de Chávez ont ajouté à la confusion la terreur, créé la pénurie alimentaire et la précarité énergétique, finissant de dilapider la manne pétrolière. Ils ont même poussé le cynisme jusqu’à revendiquer un poste au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, fragilisant encore un peu plus la crédibilité de ce conseil.

Sans préjuger d’autres initiatives, la France a d’ores et déjà plaidé pour la mise en œuvre d’un processus électoral démocratique et pacifique, sous la conduite du seul dirigeant légitime du Venezuela, Juan Guaidó. Elle a soutenu la Cour pénale internationale dans l’interpellation et le jugement des partisans de Maduro, soupçonnés d’être responsables ou complices de graves violations des droits de l’homme. Elle a apporté au Venezuela et aux pays voisins touchés par la crise migratoire une aide humanitaire à hauteur de 1, 3 million d’euros en deux ans. Il n’est plus possible de faire l’apologie du « modèle chaviste ». Celui-ci ressemble de plus en plus à une expérience transformant les Vénézuéliens en cobayes d’une dictature populiste où les adversaires politiques sont considérés comme des ennemis du peuple.

Regardons les choses en face ! Le régime de Maduro s’est changé en un pouvoir autoritaire et agressif, incompétent et corrompu. Si nous sommes démocrates, il n’existe qu’une issue à cette crise : rendre la parole au peuple.

Le groupe des sénateurs de La République En Marche soutient cette proposition de résolution déposée par notre collègue Olivier Cadic.

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