Je voulais d'abord vous remercier pour ces propos très clairs, d'autant plus que je n'avais pas personnellement conscience de ces chiffres assez importants, ne serait-ce que pour les 100 000 grossesses par an qui n'aboutissent pas. Certes, vous ne faites pas de politique, mais le manifeste dont vous nous avez parlé est important. De notre côté, nous avons aussi une approche personnelle de la maternité. Sur ce sujet, il est difficile de séparer les opinions personnelles des positions que nous défendons en tant que politiques. En l'occurrence, il nous reviendra d'enrichir le projet de loi par amendement.
Votre propos sur l'absence de dispositions concernant l'information et la prévention de l'infertilité dans le projet de loi m'a semblé intéressant. Comme vous le dites, nous n'allons pas dire à nos filles ou petites-filles de dix-sept ou dix-huit ans qu'il faudrait y être attentives. Cela risquerait peut-être d'entraîner énormément de demandes de cryo-préservation. Ce n'est pas le but du jeu. Nous n'allons pas leur dire non plus de faire des enfants plus tôt, alors que nous sommes une génération intermédiaire ayant eu des enfants très jeunes, ou au contraire, à un âge plus avancé, cohérent avec la durée de nos études.
Nous sommes face à un problème complexe. Bien que la PMA soit très médiatisée, le débat parlementaire exige de la distance. Évitons de nous focaliser sur la seule PMA... Quelles propositions concrètes pourrions-nous défendre pour enrichir le projet de loi d'une dimension sur l'information et la prévention ? Par ailleurs, le chiffre de 300 donneurs m'étonne et me paraît très faible : il s'agit d'un sujet majeur.
Professeur Jean-Marc Ayoubi. - Les réserves qui ont pu apparaître dans mes propos ne sont pas des réticences. Nous ne voulons pas que ce que l'on a cherché à obtenir pour nos patientes soit contre-productif. Nous souhaitons éviter que les jeunes femmes pensent qu'il n'est plus nécessaire de s'informer et de faire de la prévention - mesures pourtant indispensables, sous prétexte que la cryo-préservation à trente ans et la PMA pour toutes seront possibles. Il nous semble nécessaire d'associer l'ouverture de la PMA pour toutes, à la prévention, à l'information et à l'incitation au don à travers une campagne nationale.
Je reviens également sur la question du diagnostic génétique de l'embryon dans certaines indications, chez les patientes étant déjà en parcours de PMA. Certaines de ses techniques sont non invasives et doivent être développées. J'insiste particulièrement sur les trois points que sont l'information, la prévention et le diagnostic génétique. Il ne faut pas que nos patientes, nos jeunes, nos filles ignorent que le tabac diminue de moitié la fertilité. C'est tout simple, mais tout le monde ne dispose peut-être pas de cette information. Quand un couple consulte car il n'arrive pas à avoir d'enfant et qu'à la question « Fumez-vous ? », l'un des deux répond par l'affirmative, il faut commencer par leur dire d'arrêter de fumer. Avant de se lancer dans la PMA, il est indispensable de mettre en place certaines mesures préventives, d'information et d'hygiène de vie.