J'ai entendu avec intérêt votre réponse à notre collègue sur la question du droit à l'enfant. Vous avez parlé de la souffrance des couples stériles et je crois en effet qu'il faut partir de là.
Je voulais vous interroger sur la levée de l'anonymat du don, telle qu'elle figure dans le texte issu de l'Assemblée Nationale. Vous avez présenté avec précision les contours de cette mesure. Je voulais connaître la réaction des familles en général, celles qui reçoivent le don, mais également les donneurs de sperme ou d'ovocytes. Quelle est leur attitude face à cette levée d'anonymat ? Les couples receveurs projettent-ils de ne jamais en parler à leur enfant et les donneurs envisagent-ils de renoncer aux dons ?
Professeur Jean-Marc Ayoubi. - C'est très variable. Certains couples ne veulent absolument pas le dire, d'autres veulent tout dire, estimant que l'enfant a le droit de savoir. Chaque cas est spécifique et nous respectons la position des couples. Nous n'avons pas à intervenir dans ces choix complexes qui relèvent des domaines sociétaux et politiques, et pas des champs médicaux et techniques. Nous restons en retrait par rapport aux questions sur le droit à l'origine et à la levée d'anonymat, puisqu'elles ne sont pas purement médicales. Nous pouvons nous exprimer en tant que citoyens, mais pas en tant qu'experts. Il ne faut pas utiliser la blouse blanche pour faire passer des idées n'ayant rien à voir avec la médecine.