Nous allons entendre M. Christophe Farnaud, directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère de l'Europe et des affaires étrangères, à propos de la situation au Moyen-Orient et sur l'action de la France dans cette région.
Monsieur le directeur, merci de vous être rendu disponible pour cette première audition devant notre commission. Nous avons souvent entendu le ministre, mais aussi votre prédécesseur, M. Jérôme Bonnafont, sur la situation au Moyen-Orient.
Lors de la dernière audition du ministre, j'avais dit que, hormis l'Irak, tous les grands dossiers de la région semblaient évoluer dans un sens défavorable. Aujourd'hui, nous voyons que, même en Irak, la situation est plus fragile encore que ce que nous espérions.
Les sujets d'inquiétude sont nombreux, et nous n'aurons sans doute pas le temps de les aborder tous. J'évoquerai très rapidement les principaux :
- l'Iran, d'abord, avec des développements récents très inquiétants, que ce soit au niveau international, avec la tentation de tester les lignes rouges dans le Golfe, à travers l'attaque de la raffinerie saoudienne le 14 septembre, ou au niveau interne, avec la répression brutale des manifestations de ces derniers jours contre la hausse du prix du pétrole. Peu d'informations circulent, mais on sait que la répression est en marche. On peut se demander quels effets peut avoir la contestation populaire, qui vise aussi les protégés de l'Iran en Irak et au Liban ;
- l'Irak, où le gouvernement peine à trouver les réponses à la colère de la rue. Lorsque j'y avais accompagné le ministre, nous n'avions pas cette sensation et pensions au contraire que l'Irak était sur la bonne voie ;
- la Syrie, où l'offensive turque et la valse-hésitation des États-Unis ont entièrement rebattu les cartes, et ce dans toute la région ;
- le Yémen, effroyable bourbier qui absorbe l'énergie et la réputation de nos partenaires de la région ;
- le processus de paix au Proche-Orient enfin, dont on ne sait si on doit dire qu'il est au point mort ou qu'il régresse. Je rappelle que notre commission consacrera une mission d'information qui se rendra à la fois en Israël et dans les territoires palestiniens à ce sujet en 2020.
Lorsqu'on examine tous ces dossiers et leur évolution inquiétante, une question vient : où est donc l'Europe dans cette région ? Où en est la France ? La tentation américaine du repli, avec tous les dangers dont elle est porteuse, nous ouvre-t-elle une nouvelle fenêtre pour essayer d'influer sur le cours des événements dans la région et éviter le pire ? L'Europe est-elle pour longtemps exclue des solutions qui peuvent être envisagées dans cette région ?