Intervention de Christophe Farnaud

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 27 novembre 2019 à 9h35
Situation au moyen-orient et action de la france — Audition de M. Christophe Farnaud directeur afrique du nord et moyen-orient au ministère de l'europe et des affaires étrangères

Christophe Farnaud, directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère de l'Europe et des affaires étrangères :

J'en prends bonne note. L'éducation et les écoles sont au nombre des questions à traiter. Nous restons extrêmement présents au Liban, où une bonne partie du dispositif scolaire, lié à la France, est composée d'écoles chrétiennes. On pourra en reparler si vous le souhaitez. L'éducation fait partie des priorités de l'AFD. On peut donc braquer le projecteur sur ce sujet.

S'agissant du retour américain, si un président décide de réinvestir ce champ, il y sera le bienvenu. Notre devoir est d'aider à la stabilité de la région en montrant qu'on reste engagé, mais les États-Unis ont encore des milliers d'hommes sur le terrain, dont certains en Syrie. Ils ont compris qu'ils ne pouvaient en partir complètement - et nous y sommes d'ailleurs pour quelque chose. Je ne dis pas que ce sera simple ou évident.

Pour ce qui est de l'obscurantisme, de l'ambivalence et du financement du terrorisme, nous avons un dialogue avec tous les pays du monde. Il est difficile d'en avoir une image précise. En revanche, tous les gouvernements n'ont pas les mêmes postures. Mais le dialogue sur le financement des mosquées en France, par exemple, s'est beaucoup amélioré avec des pays comme l'Arabie saoudite.

On ne met pas les difficultés sous le tapis. C'est un élément fondamental de sécurité, et la réponse est à plusieurs niveaux. Les Émirats arabes unis ont une ligne très stricte contre l'islam radical. Les choses doivent évoluer en ce sens. Nous n'avons pas le choix.

On sous-estime souvent les dons privés. Il convient de les expertiser. Nous avons un certain nombre d'instruments pour ce faire.

Quant à l'identité du successeur d'al-Baghdadi, je pense qu'il s'agit d'un surnom destiné à protéger l'individu. Nous avons des indications potentielles, mais nous ne sommes certains de rien. Fondamentalement, le changement d'homme ne modifie rien à la menace que représente Daech. Ce mouvement a été affaibli par la reconquête territoriale à laquelle la coalition s'est livrée avec succès. Daech est aujourd'hui à nouveau présent, notamment grâce à la réactivation de cellules discrètes, mais aussi du fait d'une certaine dissémination. On sait par exemple que cette organisation est toujours présente en Libye. Il faut demeurer en alerte, et c'est une fort bonne chose que la coalition, lors de sa réunion du 14 novembre, ait réaffirmé son engagement dans cette lutte. Avec le ministre, nous sommes allés à Bagdad et à Erbil. Cette ville est située à 60 kilomètres d'une zone territoriale qui reste contrôlée par Daech, qui y compte toutes sortes de réseaux.

Enfin, s'agissant de l'influence russe, je suis d'accord avec le fait que la Russie a un PIB à peine plus important que celui de l'Espagne. Cela montre l'habileté de la puissance russe. La Russie constitue une puissance classique, réaliste, en matière de relations internationales, contrairement à l'Europe, qui veut abolir le rapport de force, qui est dans l'idéalisme et s'appuie sur les conventions et le multilatéralisme.

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