Intervention de Ladislas Poniatowski

Commission des affaires européennes — Réunion du 4 décembre 2019 à 13h35
Institutions européennes — Débat préalable au conseil européen des 12 et 13 décembre 2019 en présence de mme amélie de montchalin secrétaire d'état auprès du ministre de l'europe et des affaires étrangères chargée des affaires européennes

Photo de Ladislas PoniatowskiLadislas Poniatowski :

Deux questions intéressent tout particulièrement notre commission des affaires étrangères.

Alors que treize militaires français de l'opération Barkhane sont morts au Mali la semaine dernière, permettez-moi de dire ici solennellement que c'est la sécurité de l'Europe tout entière qui est en jeu et que la France défend au Sahel ! La stabilité de cette région, à nos portes, est une priorité stratégique pour tous les États membres. Le Conseil européen l'a d'ailleurs maintes fois rappelé, mais il n'a pas beaucoup agi.

Le Gouvernement nous dit que, sur place, la France n'agit pas seule. Nous recevons notamment quelques soutiens de nos alliés européens, notamment dans le cadre de la mission de formation EUTM Mali (European Union training mission in Mali - mission de formation de l'Union européenne au Mali). Les Britanniques fournissent trois hélicoptères lourds Chinook essentiels à l'opération, et ils vont les maintenir encore quelques mois. Les Estoniens assurent la moitié des fonctions de protection des emprises françaises au Sahel avec l'aide de 50 soldats. L'Espagne réalise une importante part du transport aérien au sein du théâtre sahélien. Les Danois, partenaires de l'Initiative européenne d'intervention, sont tout récemment venus renforcer l'opération Barkhane avec l'envoi de deux hélicoptères et de 70 soldats. Enfin, hors opération Barkhane, les Allemands ont déployé 460 soldats. Ces appuis sont essentiels. Mais cette présence européenne doit évidemment aller plus loin ! Nous mettons sur pied une coalition d'unités de forces spéciales européennes, la task force « Takouba », pour traquer les terroristes djihadistes. Comment cette proposition est-elle reçue par nos partenaires européens ? Comment pourraient-ils s'engager davantage à nos côtés ?

Alors que se tient aujourd'hui le sommet des 70 ans de l'OTAN, sur fond de profondes divergences stratégiques, notre commission appelle à un réveil européen. Il est évident que l'Europe doit pouvoir se défendre seule.

Cette mobilisation passe aussi par une autonomie stratégique et capacitaire. Le récent rapport que la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat a consacré à la défense européenne l'a bien souligné. Le FEDef est une initiative révolutionnaire pour y parvenir.

C'est pourquoi ce qu'a rappelé Jean Bizet au sujet du FEDef est très inquiétant ! La présidence finlandaise proposerait, pour le prochain cadre financier pluriannuel, 6 milliards d'euros, contre 13 milliards d'euros envisagés initialement. Or, le FEDef est un outil budgétaire essentiel pour l'avenir de la défense européenne. Il semblerait que les pays dotés d'une industrie d'armement aient été très demandeurs, mais que la Finlande se soit sentie peu concernée. Nous confirmez-vous ces informations ? Comment le Gouvernement entend-il défendre le maintien du budget du FEDef ?

Le sujet du Brexit nous entraînerait trop loin, mais nous attendons tous le 12 décembre avec angoisse. J'ai été le rapporteur du projet de loi habilitant le Gouvernement à prendre par ordonnance les mesures de préparation du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, et je ne suis pas rassuré par la tournure des évènements.

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