Intervention de Stéphane Richard

Commission des affaires économiques — Réunion du 18 décembre 2019 à 9:5
Audition de M. Stéphane Richard président-directeur général d'orange

Stéphane Richard, président-directeur général d'Orange :

À cela s'ajoute que nous ne recevons pas toujours un accueil très chaleureux lorsque nous installons une antenne ; les gens veulent avoir une bonne couverture réseau, mais sans antennes... Mais nous respectons les délais du « New Deal ».

Nous sommes dans les starting-blocks sur la 5G. Orange est présent en France, mais réalise la moitié de son activité ailleurs, principalement en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. Il y a un mois, nous avons lancé la 5G en Roumanie. En 2020, nous serons prêts à le faire partout où nous aurons des fréquences et des conditions claires sur le déploiement physique, et notamment sur les partenaires industriels. En Espagne, nous avons acheté des fréquences, et nous commençons le déploiement. En France, le déploiement se fera à l'été 2020.

Faut-il travailler avec Huawei ? Huawei est, de très loin, le premier équipementier mondial avec un chiffre d'affaires supérieur à 100 milliards de dollars. Sa part de marché est supérieure à 30 %, davantage en Europe, en Afrique, en Asie, mais elle est nulle aux États-Unis. Les Américains bannissent les Chinois, mais cela n'a aucune conséquence pour eux, car ils ne les utilisent pas ; mais il y a des conséquences pour d'autres pays !

En Europe, Huawei est présent dans de nombreux pays, dans lesquels Orange est aussi présent. Orange, comme Iliad, n'utilise pas d'équipements Huawei en France. Un réseau mobile, ce sont des antennes - c'est la partie « radio », des liens de collecte - c'est la partie « fixe », et des équipements de coeur de réseau - c'est-à-dire des équipements informatiques, du software, notamment pour la signalisation des appels. Bouygues et SFR utilisent certes des équipements radio Huawei, mais aucun opérateur en France n'a Huawei comme fournisseur de coeur de réseau, nous utilisons des équipements américains.

La sécurisation des données est importante pour les équipements de coeur de réseau, absolument pas pour la partie radio, malgré un mythe qui perdure sur des micros qui seraient posés sur les antennes... C'est une foutaise totale ! Le principe de précaution peut influencer certains choix, mais c'est un fait, personne n'a prouvé le risque sur la partie radio.

Un appel d'offres sur la 5G va être publié. Les opérateurs télécoms pourront-ils travailler avec Huawei ? Nous ne le savons pas. Un décret prévoit que les opérateurs notifient leurs équipements radio auprès de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), qui a deux mois pour nous signifier son accord, sachant que silence vaut rejet. Sans préjuger de leur décision, je suppose que les opérateurs habitués à travailler avec Huawei en 3G vont souhaiter continuer avec eux pour la 5G, à moins de supporter un coût important. Orange est libre puisque notre réseau radio est assuré par Nokia et Ericsson.

Il y a quatre opérateurs en France, et malgré certaines tentatives antérieures de passer à trois opérateurs, aucune opération n'est en projet, de sorte que nous devrions rester quatre. Par contre, il existe des marges de progression dans la mutualisation des réseaux, au moins dans certaines zones. Bouygues et SFR ont mutualisé leurs réseaux, tandis qu'Orange et Iliad sont indépendants. La mutualisation des réseaux se renforcera probablement en Europe, pour des raisons principalement économiques - les investissements sont énormes et les prix bas, les coûts de maintenance élevés - tout en garantissant une différenciation par la qualité. Il y a aussi des enjeux écologiques : les antennes coûtent cher en énergie, il y a parfois une contestation sociétale, nos concitoyens s'élevant parfois contre une course effrénée à la technologie et la numérisation, et appelant à plus de sobriété.

Comme tous nos pairs en Europe, nous avons décidé de filialiser, au sein d'Orange, une entité spécifique rassemblant nos 40 000 sites mobiles européens. Nous sommes ainsi dans les meilleures conditions pour mutualiser et participer, le cas échéant, à une nouvelle compagnie européenne, pour plus de flexibilité et d'efficacité.

Orange s'est engagé dans un plan stratégique ambitieux, Engage 2025, pour améliorer son empreinte carbone et environnementale et répondre à l'urgence climatique. L'objectif est d'atteindre la neutralité carbone en 2040, soit dix ans avant les accords de Paris. Nous voulons utiliser 50 % d'énergies renouvelables dès 2023, contre 2025. Ce sera un effort important, car nous sommes actuellement à 18 %. La priorité sera donnée au solaire - ce sera même la seule énergie utilisée en Afrique -, nous renouvellerons nos flottes avec de l'hybride et de l'électrique, et nous développerons l'économie circulaire.

Nous avons saisi l'opportunité donnée par la loi relative à la croissance et la transformation des entreprises (Pacte) pour rédiger notre « raison d'être ». Plus de 130 000 salariés sur 150 000 ont participé à la consultation, de même que de très nombreuses parties prenantes, comme des élus de la République. Nous avons dévoilé cette raison d'être il y a dix jours : « Orange est l'acteur de confiance qui donne à chacune et à chacun les clés d'un monde numérique responsable. » Elle sera proposée à l'assemblée générale des actionnaires l'année prochaine en vue de l'inscrire dans nos statuts.

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