La sécurité du quotidien a été développée comme une philosophie d'action des services de sécurité.
La sécurité s'entend à travers trois grands piliers : l'action de voie publique (préventive, dissuasive ou répressive), le renseignement (qu'il soit criminel ou qu'il concerne les services de renseignement qu'évoquait monsieur le directeur général) et l'investigation judiciaire (autrement dit, la mise en forme des itinéraires délinquants pour les présenter au juge).
Vous avez posé la question du parallèle entre la police de proximité qui existait voilà une dizaine d'années et la police du quotidien d'aujourd'hui. Nous avons essayé de faire de la sécurité du quotidien un processus d'actions qui prenne en compte les points forts de la police de proximité tout en dépassant ses limites. S'agissant de cette dernière, rappelons que de très nombreux policiers avaient été retirés de tâches spécialisées (enquêtes, renseignement) pour être mis au contact de la population. Par voie de conséquence, nous n'avons pas touché à l'action de la police nationale et de la sécurité publique, en particulier sur les trois grands piliers évoqués. En revanche, nous avons mis en place un dispositif pour que la circulation de l'information soit efficace et pour favoriser le travail collégial entre les différents services (police, gendarmerie et services partenaires). L'objectif est, d'une part, de faciliter la tâche de ceux qui ont une action directe à mener en termes de sécurité (la police, en particulier). D'autre part, ce dispositif doit permettre à ceux qui peuvent avoir une action à mener hors de leur coeur de métier (bailleurs sociaux, transporteurs, éducation nationale) de faire part de leurs préoccupations en termes de sécurité et de mettre en place une action relevant de leurs compétences qui agira dans le domaine de la sécurité. Prenons l'exemple de jeunes adolescents déscolarisés qui passent leurs journées au pied des immeubles et qui commettent divers forfaits : agressions, dégradations de voitures, de poubelles,... Si les infractions commises relèvent du droit pénal, c'est à nous, policiers, de traiter le problème. Mais rappelons qu'un mineur ne sera pas envoyé en prison et que ce n'est peut-être pas la prison qui le remettra dans le droit chemin. Pour prendre en charge ces jeunes, des actions complémentaires doivent ainsi être travaillées en continuum de sécurité et en collégialité. Il faut les ramener à l'école, en travaillant sur la parentalité et de concert avec l'éducation nationale. Concernant les poubelles incendiées, nous devons nous rapprocher de l'entreprise chargée du ramassage des poubelles. Bref, l'action doit être menée de manière transversale. Voilà un exemple concret de ce à quoi veut s'attaquer le concept de la sécurité du quotidien.
De plus, plutôt qu'obtenir un catalogue d'idées et de recommandations en provenance des policiers de terrain, nous avons découpé le territoire en 977 secteurs de proximité. À la tête de chacun d'entre eux, nous avons désigné un policier (lieutenant, capitaine, brigadier-chef ou brigadier major) chargé d'animer le partenariat et la transversalité dans le secteur, en lien avec les élus, les partenaires privés et publics. En plus de ce partenariat informel, nous avons proposé à tous nos partenaires de nous réunir au moins une fois par mois pour faire un point pratico-pratique sur l'identification des problèmes et sur la définition transversale de la manière d'y répondre.
Ce n'est ni du CLSPD, ni du groupe local de traitement de la délinquance (GLTD), une structure judiciaire sous l'autorité du Procureur de la République soumise au secret de l'enquête. C'est un travail en confiance, avec des personnes de bonne volonté qui acceptent d'échanger sur des questions techniques et pratiques. Ces réunions, intitulées « groupes de partenariat opérationnel », ont été mises en place début 2019.