Permettez-moi, pour clore cette audition, d'aborder le sujet de la répartition des missions entre la police nationale et la gendarmerie nationale. L'ancrage territorial peut être un sujet de bataille entre nos deux forces de maintien de l'ordre. En effet, si la police s'occupait traditionnellement des villes et la gendarmerie des campagnes, les mouvements de population vers les zones urbaines ont fait émerger un problème structurel pour la gendarmerie. Celle-ci a pu apporter deux types de réponse : la première consistait à diversifier son champ d'intervention, avec des missions de police judiciaire, un intérêt manifeste sur le monde du renseignement ou encore des actions dans le domaine de la cyber criminalité. En outre, la gendarmerie est confrontée à un problème de ressources humaines et réfléchit à sa réorganisation territoriale, les personnels se projetant difficilement dans les campagnes. Elle s'imagine de plus en plus basée dans la péri urbanité, en devenant une force de projection là où elle était ancrée dans les territoires.
En particulier, la gendarmerie a la volonté de remonter significativement les seuils de population (de 20 000 à 50 000 habitants) à partir desquels les zones sont en police d'État.
Je ne souhaite en aucun cas entrer en conflit avec la gendarmerie. Ma réflexion est de dire qu'il est nécessaire d'avoir des idées claires pour que les moyens de l'État participent efficacement à la mission de sécurité intérieure. Et, à mes yeux, ce n'est pas en faisant en sorte que policiers et gendarmes exercent un métier similaire que nous y parviendrons. Si tel devait être le cas, nos concitoyens s'interrogeraient quant à la nécessité d'avoir deux forces de sécurité qui exercent un métier équivalent.